Amnistie par-ci, amnistie par-là, le sujet est abordé à profusion par les acteurs politiques relayés par la presse. A force d'entendre tout le monde en parler, on arrive à cette conclusion qu'en fait personne ne sait à « quelle sauce » sera servi le projet d'amnistie par le président de la République Abdelaziz Bouteflika. Il est l'instigateur de ce débat, parfois houleux et qui divise même les partis de l'Alliance présidentielle. Le président Bouteflika a lancé un ballon d'essai pour, peut-être, jauger les réactions de la classe politique et de la société civile, avant de livrer le contenu du projet d'amnistie qu'il compte soumettre à référendum. La finalité ou l'objectif recherché est de mettre fin à plus de dix années de terrorisme islamiste qui a causé la mort de 100 000 ou 150 000 citoyens. Une tragédie nationale qui a failli balayer les fondements de l'Etat républicain si ce n'était la résistance héroïque de toutes les couches sociales de la société. La question est de savoir si, en accordant le pardon aux responsables des 6000 disparitions et aux auteurs des massacres de civils, la société algérienne mettra un terme définitif au terrorisme islamiste. La réponse nous est donnée par les principales organisations internationales de défense des droits de l'homme. Et celle-ci s'inspire de situations presque similaires à l'Algérie à travers le monde. Dans un communiqué commun, Amnesty International, Human Rights Watch et la Fédération internationale des droits de l'homme déclarent en substance : « Une amnistie générale laisserait l'héritage du passé non résolu et pourrait miner les perspectives d'avenir. » Cette thèse vient d'être confortée en Argentine où la Cour suprême de ce pays d'Amérique du Sud a abrogé les lois d'amnistie qui avaient surtout profité aux militaires coupables d'atteintes aux droits de l'homme. Ils devront désormais répondre de leurs actes. Comme les Argentins ou les Chiliens, les Algériens ont besoin de connaître la vérité, toute la vérité sur la tragédie qui les a profondément déchirés. C'est là un droit que personne ne pourra enlever, pas même un référendum.