Une importante opération d'acheminement d'armes du nord du Mali vers l'Algérie a été avortée, jeudi dernier, par les unités de l'Armée nationale populaire (ANP), apprend-on de source sécuritaire. Au moins treize terroristes ont été abattus lors de cette opération qui, malheureusement, a coûté la vie à un officier de l'ANP et endommagé un hélicoptère. Selon nos interlocuteurs, tout a commencé lorsque les services de sécurité ont eu vent d'une information faisant état d'un convoi de trois véhicules tout-terrains de type 4x4, transportant des hommes puissamment armés venant de Kidal, au nord du Mali. Il faisait route, en fin de journée du jeudi 30 juin, vers l'Algérie, plus précisément vers la région de Bordj Badji Mokhtar. Des hélicoptères de combat ont intercepté le convoi avant même qu'il n'arrive à la frontière algérienne. Un bombardement intense s'en est suivi et a permis la destruction des trois véhicules. Nos interlocuteurs ont reconnu que les tirs de lance-roquettes des terroristes ont néanmoins touché un hélicoptère, alors qu'un officier grièvement blessé a succombé à ses blessures avant même son transfert vers Alger. Les unités de l'ANP ont dépêché des renforts pour rapatrier les corps des terroristes, lesquels ont été tous identifiés par les services de sécurité, selon notre source. Il s'agit, nous a-t-on précisé d'une partie de la bande de Taoudenni (en référence aux mines de sel de Taoudenni, situées au nord du Mali, dans la province de Tombouctou), composée des éléments du GSPC - des Algériens - auxquels se sont joints des Maliens, des Nigériens et même des Mauritaniens. Cette phalange a été créée par Abderrazak El Para, de son vrai nom Amar Saïfi, actuellement entre les mains des services de sécurité algériens à la suite de l'enlèvement des 32 touristes occidentaux vers la fin 2003, au sud du pays, et l'acheminement de 14 d'entre eux au nord du Mali, avant d'être libérés en contrepartie du paiement d'une somme de 5 millions d'euros par le gouvernement allemand. Juste après l'arrestation d'El Para par les rebelles tchadiens et sa remise aux autorités algériennes, Mokhtar Belmokhtar a repris les rênes de la phalange, puissamment armée, et gérant un trésor de guerre conséquent qui lui a permis de tisser (pour ne pas dire se payer) des relations étroites avec les contrebandiers activant sur toute la bande frontalière, mais également avec les notables targuis, dont les tribus vivent dans une extrême paupérisation. Il y a quelques mois, Belmokhtar, après avoir fait un tour chez des membres de sa famille à l'est d'Alger, a tenu une réunion de plus de deux cents personnes non loin des mines de Taoudenni, là où les otages occidentaux étaient détenus durant des semaines par El Para. A cette réunion ont participé des contrebandiers très connus dans la région. Il était question de réaffirmer le pouvoir de Belmokhtar sur le groupe, mais aussi rappeler l'alliance entre les contrebandiers et le GSPC. En contrepartie de la sécurité de la route, les contrebandiers doivent approvisionner les terroristes en carburant et servir de guides en cas de nécessité. L'opération des services de sécurité est la deuxième du genre. La première a eu lieu durant l'été 2003 lorsqu'un convoi d'armement de guerre a été intercepté par les unités de l'ANP du côté de In Salah. Il a été complètement détruit, alors que certains des terroristes qui l'escortaient avaient réussi à prendre la fuite. Cette opération intervient quelques semaines seulement après l'attaque d'une caserne militaire mauritanienne par un groupe de terroristes, dont l'identité n'est pas encore définitivement connue, même si un bulletin du GSPC algérien, non authentifié, a revendiqué cette attaque. Il est cependant important de signaler que l'opération de jeudi dernier intervient au moment où les unités spéciales de l'ANP participent depuis début juin à des exercices militaires avec les troupes américaines et les forces armées de sept autres pays du Sahel. Il s'agit, pour ces troupes, de s'initier aux tactiques militaires et renforcer les liens de la coopération militaire afin de mieux maîtriser la sécurité des zones aussi vastes et aussi complexes que le Sahara.