Il n'y a pas un seul jour où la capitale européenne, Bruxelles, n'accueille une délégation de très hauts responsables politiques étrangers. Chefs d'Etat ou de gouvernement, rois et princes, ministres et autres hauts fonctionnaires internationaux... se succèdent quotidiennement dans la capitale de l'Europe. Bruxelles, un 1,2 million d'habitants, plus de 136 nationalités différentes, carrefour privilégié de transit entre les villes du nord, de l'est et de l'ouest de l'Europe. Bruxelles multiethnique où cohabitent, sans trop de heurts jusqu'à aujourd'hui, un nombre de communautés religieuses. Depuis les années 1990 et la manifestation du terrorisme islamiste dans ses formes les plus violentes et meurtrières, la capitale belge et européenne a su se prémunir contre la violence terroriste et contenir la structuration de réseaux terroristes et de ses soutiens. Rappelons-nous avec quelles diligence et efficacité les services de sécurité belges ont mis fin, en 1997 et en 1998, aux réseaux de soutien aux terroristes chapeautés par Ahmed Zaoui. Mais la célérité des services belges n'a pu par exemple débusquer à temps le groupe de Rachid Ramda, derrière l'opération qui a coûté en Afghanistan la vie du commandant Massoud. La vague d'attentats qui a frappé Londres et hier l'Egypte a fait réagir les autorités belges pour alerter leurs services de sécurité et déclencher une série d'actions préventives. De plus, prévu pour 2006, l'Organisme de coordination pour l'analyse de la menace (OCAM) vient, sur ordre du Premier ministre, d'être mis en opération. Composé de 70 membres, son but est d'évaluer toute forme de menace grave pour la sécurité de la Belgique. Les agents de l'OCAM sont issus des services de renseignement, de police, de la mobilité et du transport, des Douanes, des finances et des Affaires étrangères. La sécurité d'Etat (contre-espionnage) vient, de son côté, de recruter des agents arabophones pour les écoutes téléphoniques. Par ailleurs, la police fédérale a renforcé ses cellules d'écoute et de collecte de renseignements au sein des populations cibles (associations musulmanes, mosquées...). Les observateurs estiment que si la réaction belge s'inscrit dans une stratégie européenne de lutte antiterroriste et pour légitime et efficace qu'elle soit, elle risque d'attiser la haine des terroristes contre le pays qui a été, jusqu'à aujourd'hui, épargné par leur violence meurtrière. La Belgique, qui a été un pays engagé contre la guerre en Irak et qui s'est trouvée en sérieuse confrontation avec les USA lors de l'invasion de l'Irak, risque de perdre le peu de d'« inattention » qui lui a été accordé par la nébuleuse terroriste. Par ailleurs, la Belgique ne peut pas fuir la solidarité européenne - et mondiale - de lutte antiterroriste. Disposant de services parmi les plus efficaces au monde, la Belgique montre ainsi que si elle peut être une terre d'accueil et de tolérance exemplaire, elle sait être intransigeante lorsqu'il s'agit de menace contre la liberté et la démocratie.