Décidément, à Skikda, on semble persister à faire dans le tape-à-l'œil au détriment du nécessaire et de l'utile. C'est ce que fait l'APC, en tout cas, encouragée quelque part par une prospérité financière jamais égalée. Il est vrai que le colossal budget communal avoisinant les 200 milliards de centimes est fait pour être dépensé, mais encore faut-il que ces dépenses apportent au moins un plus aux citoyens et à leur cité. L'APC a eu le mérite, certes, d'accomplir plusieurs bonnes actions, mais ce qu'elle est en train de faire à la bâtisse de l'hôtel de ville est une véritable atteinte aux biens publics. Une atteinte caractérisée contre un patrimoine local qu'on devrait plutôt préserver et classer en tant que monument au su de ce qu'il recèle de richesses. Construit dans un style arabo-mauresque (un modèle du genre), la bâtisse abrite des mosaïques et une dizaine de toiles de maîtres très cotées (Utrillo, Raffaëlli,... ) On y trouve surtout une superbe tapisserie de l'œuvre de Delacroix (« Femmes d'Alger ») réalisée dans les manufactures Aubusson (une manufacture de renommée internationale). La bâtisse, un véritable joyau architectural, représente l'image de Skikda. On trouve sa silhouette dans toutes les cartes-postales de la ville et dans les clichés de ses visiteurs. C'est le symbole de la cité. Malheureusement, tout cela n'a pas suffi pour la préserver. Puisque, en plus des climatiseursinstallés dans tous les bureaux et lézardent ses façades, en plus de ces citernes d'eau installées sur sa toiture, on vient de découvrir, non sans étonnement, que l'APC entend également ceinturer la façade par de la... pierre artificielle ! Une horreur du genre ! Les soubassements déjà réalisés avec ces pierres offrent un hideux décor de ce que sera l'hôtel de ville demain. Interrogés à cet effet, deux architectes affirment que cette pierre est beaucoup plus destinée aux cloisons des jardins et risque d'altérer l'esthétique de toute la bâtisse. Le directeur d'un bureau d'études local, qui a bien voulu nous accompagner sur les lieux, confirme les dires des architectes et va encore plus loin en affirmant que les matériaux de construction de ces pierres ne devraient pas tenir plus de quatre années. Les quelques mètres carrés de soubassement, déjà réalisés, cassent totalement l'harmonie de la bâtisse et la dénature. On n'incruste pas la pierre de cloison dans une œuvre d'art. Du marbre, un matériau plus noble, aurait, à la rigueur, été plus approprié, d'autant plus que Skikda dispose d'une carrière (Fil Fila) qui produit du marbre sublime. L'ossature de l'hôtel de ville risque de constituer une véritable dissonance urbanistique. C'est une œuvre commune qu'il faut restaurer et non dénaturer, et il serait encore temps d'arrêter le cauchemar !