Comment expliquer aux citoyens le fait que l'on ait recours à la justice pour quelques malheureux arbres plantés qui, au pire, ne feraient qu'enjoliver la ville et l'aérer, et se taire face à des agissements graves et autrement plus préjudiciables ? » C'est la question qui, depuis des semaines, taraude l'esprit d'un président d'association de quartier à Sidi Bel Abbès, dont plusieurs membres devront comparaître devant le tribunal de la ville, le 25 octobre prochain, pour avoir osé... planter des arbres (sans rire) dans le périmètre de leur cité ! Vu qu'une plainte, en bonne et due forme, vient d'être déposée par la municipalité contre les membres de cette association, la deuxième du genre après celle examinée par la justice en septembre 2000. « Sept personnes risquent d'être jugées pour avoir voulu apporter un peu d'oxygène à un quartier qui, comme beaucoup d'autres, étouffe sous le béton », s'offusque le président de l'association de quartier 144 logements de Sidi Djillali, dans une lettre de protestation, tout en se déclarant. Ce « contrevenant » d'un nouveau genre estime que l'APC de Sidi Bel Abbès vient d'entreprendre une action qui en dit long sur « la conception qu'elle se fait de la justice et de l'application des lois de la République ». Et d'ajouter : « Cette auguste assemblée n'a pas trouvé mieux, pour prouver à ses citoyens qu'elle veille scrupuleusement à la protection des intérêts de la cité, que de traduire en justice des personnes coupables d'avoir planté quelque arbres. » En septembre 2000, le « contrevenant » a été condamné à verser une amende de 2000 DA en application du verdict prononcé par le tribunal de première instance. Une sentence annulée 7 mois après par le tribunal d'appel qui a proclamé « l'innocence des planteurs d'arbres ». Contacté à ce sujet, le secrétaire général de l'APC a confirmé le dépôt d'une plainte pour « occupation et construction illicite sur des terrains appartenant à la collectivité ». Selon lui, les fonctionnaires du service de l'urbanisme ont constaté plusieurs « infractions à la législation au niveau de cette cité résidentielle et recensé 8 constructions illicites et autres travaux d'extension non autorisé ». Ce que réfutent, évidemment, les membres de ladite association. La ville de Sidi Bel Abbès, dépourvue d'espaces verts et en proie à une désertification effrénée, se retrouve aujourd'hui avec un déficit de 100 000 arbres, d'après une étude récente réalisée par une équipe de chercheurs de l'université Djillali Liabès.