Joann Sfar revient avec un chat plus désopilant que jamais. La rentrée bande dessinée s'annonce très caustique. Le Paradis terrestre est une légende orientale, où le faux et le vrai sont presque indistincts. Et si Shéhérazade miaulait ? Joann Sfar sait raconter des histoires. Pas de doute là-dessus. Il raconte même très bien. Puis, il sait dessiner aussi. Pas de doute aussi. En plus, il a des choses à dire le jeune Joann Sfar, 34 printemps. Jugez plutôt. « Je suis le chat du rabbin. Il m'arrive des tas de choses. Par exemple, une fois je suis allé à Paris et il a plu. Alors je suis rentré chez moi, en Algérie. » Sérieux, une histoire qui commence comme ça ne peut pas être mauvaise. Parole de chat ! C'est l'histoire d'un chat, d'un rabbin, d'un lion, d'un serpent, d'Alger, de religion, de politique... C'est une histoire difficile à narrer. Ou alors il faut être un chat doué, bavard, sophiste et humaniste. N'est pas chat qui veut. Surtout ce chat délicieusement révolté, attachant. Dommage que les humains n'entendent que ses miaulements. Il n'y a que les animaux pour profiter des dialogues de ce péripatéticien. Un chat philosophe. On en oublie presque que c'est un homme, Joann Sfar, qui fait parler son chat. Car, selon son éditeur, Joann Sfar s'est inspiré de son chat pour raconter cette histoire méditerranéenne. « Il aime dessiner d'après nature et il a ce chat chez lui, en chair et en os (surtout en os), avec ses oreilles immenses, ses grands yeux stupéfaits et ses miaulements qui l'intriguent : ce chat essaie peut-être de lui expliquer un truc. Voilà pourquoi il en fait le héros de cette série », note l'attachée de presse de Dargaud. Faut croire qu'elle a raison. Le chat avait beaucoup de choses à dire, tout le chaos du monde. Entre douce ironie et humour ensoleillé (si cela a une signification dont seuls les Méditerranéens ont le secret), Joann Sfar raconte son Orient. Un monde où la légende côtoie la réalité ou le faux et le vrai ne sont pas tellement distincts, un monde qui n'oublie pas le sens des valeurs de la solidarité et de la fraternité. Fellag avait eu bien raison de s'enthousiasmer en découvrant le Chat du rabbin. Le quatrième volume de la série, Le Paradis terrestre, est de la même veine que les précédents. Hilarant, drôle, caustique... A lire sans modération.