D'anciens maquisards, des GLD, des syndicalistes, des militants et animateurs d'associations de quartier sont venus en nombre au siège du Mouvement démocratique et social (MDS) qui s'est transformé, hier, en l'espace de quelques heures, en véritable plateforme de soutien à Mohamed Gharbi. Condamné à mort – peine confirmée le 22 juillet dernier par la Cour suprême – l'ancien officier de l'ALN, à la tête en 1994 des Groupes de légitime défense (GLD) dans la région de Souk Ahras, croupit en prison depuis bientôt 10 ans pour avoir tué Ali Merad, un émir amnistié de l'AIS. La honte ! J'ai honte pour ce pays», s'indigne Hamiche Brahim, un ancien résistant, membre de la Fédération de France du FLN. «Mais comment ont-ils osé infliger un tel châtiment à un moudjahid ?», s'interroge-t-il avant d'éclater en sanglots. «Gharbi a été châtié pour l'exemple, pour que plus jamais les Algériens, victimes du terrorisme, ne se laissent gagner par l'idée de se faire eux-mêmes justice», dit-il. Entre deux représentations artistiques – plusieurs troupes de chant d'ici et de France ont participé au gala – les prises de parole des membres de la Coordination pour la libération de Mohamed Gharbi (CLMG) sont toutes allées dans le même sens, à savoir sauver à tout prix le «soldat Gharbi». Condamné en première instance le 21 janvier 2004 à 20 ans de réclusion par le tribunal criminel de Guelma, Mohamed Gharbi a vu sa peine aggravée après son pourvoi en cassation. Le 24 mars 2007, il est condamné à perpétuité. Le 7 juin 2009, le tribunal criminel de Guelma condamne, dans un procès en appel, Mohamed Gharbi à la peine capitale. L'aggravation de la peine – aucune circonstance atténuante n'a été retenue dans le jugement de cette affaire – est le signe d'une «volonté politique» de faire condamner les résistants à l'intégrisme islamiste soulignait, lors son intervention, Si Mohamed Baghdadi, membre de ladite coordination : «Il s'agit là d'une affaire hautement politique qui engage l'avenir du pays. Nous sommes en présence d'un pouvoir en pleine putréfaction qui n'hésite même plus à fouler au pied les symbole de la révolution et de la résistance à l'intégrisme islamiste.» M. Baghdadi rapporte les propos de feu Abdelkrim Hassani, quelques jours avant sa mort, tenus lors d'une rencontre avec maître Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH) : «Au dessus de la justice des hommes se profile la justice de la conscience. Celle-ci est au dessus de toutes.» L'affaire Gharbi ne relève pas de la justice, c'est un cas de conscience, selon Si Mohamed Bagdadi. Pour Yacine Teguia, membre de la direction du MDS, Mohamed Gharbi est victime de l'arbitraire : «Dans cette affaire, il n'y a pas eu de procès équitable car le souci premier du pouvoir était de donner des gages aux islamistes, des garanties que la Charte pour la paix et la réconciliation nationale allait être appliquée au pied de la lettre.» «La charte décrète une paix sans justice. Aux patriotes et moudjahidine on réserve la prison ; aux terroristes islamistes, aux émirs et autres faux repentis, des présents et des privilèges.» Patriote, frère du défunt Mohamed Sellami, chef des GLD de la Mitidja, Mokhtar somme le pouvoir de «libérer» Gharbi ou, à défaut, «d'incarcérer les Kertali (ancien émir) et consorts». La coordination pour la libération de Mohamed Gharbi est initiatrice de plusieurs actions de solidarité et de soutien avec l'ancien officier de l'ALN. Une pétition a même été adressée au président Bouteflika, exigeant sa grâce et sa libération immédiate. Le pourvoi en grâce est resté à ce jour sans suite.