Le 10 novembre 2001, des pluies diluviennes d'une rare violence s'étaient abattues sur Bab El Oued. Les inondations sans précédent qui s'en étaient suivies, ont causé, en moins de 2 heures, la mort de près d'un millier de personnes. Certains spécialistes avaient parlé d'une espèce de « mini tornade » qui avait, brusquement, prit corps sur les hauteurs du quartier martyr. Ceci dit, la météo avait bel et bien tiré la sonnette d'alarme la veille du « déluge », en lançant un bulletin spécial. Ainsi informées, « les autorités pouvaient-elles éviter l'hécatombe ? », s'interroge aujourd'hui encore l'opinion publique. Quatre ans plus tard, Bab El Oued a, certes, changé de look, mais l'image apocalyptique de la matinée du 10 novembre 2001 ne semble pas prête à quitter les esprits. « Je ne m'étais jamais imaginé qu'une averse, aussi intense soit-elle, pouvait ainsi créer le chaos. J'ai vu des eaux en furie descendant de Djebel Coucou emportant sur le passage des centaines de cadavres et de véhicules », se souvient Rachid. Sauvé miraculeusement grâce à la hardiesse des jeunes de Bab El Oued, il perdra malheureusement son frère, bloqué dans sa voiture puis « jeté » à la mer. Si le véhicule a refait surface, quelques jours après, le corps du frère de Rachid n'a toujours pas été repêché. Il fait partie des disparus, dont le chiffre officiel communiqué au lendemain du 10 novembre 2001, est de 52. Quatre ans après, l'on se souvient aussi du formidable élan de solidarité qui avait animé, surtout, les jeunes de Bab El Oued. Bravant le danger, ils étaient des milliers à constituer les premiers groupes de secours. Ils travailleront côté à côte avec l'armée et la Protection civile, dépêchés ensuite sur les lieux. « Faute de moyens adéquats, on recourrait à nos bras pour sauver les gens. Certains de mes amis sont allés jusqu'à plonger dans l'eau, sans se soucier de leur vie. Dans mon groupe (de sauveteurs), grâce à Dieu, nous n'avons eu aucune disparition. Malheureusement, il nous a été affirmé qu'ailleurs, quelques volontaires, en tentant de sauver des vies, emportés par les eaux, ont perdu la vie », témoigne, l'air absent, Karim, un ancien de la rue Kouache. Qu'en est-il de l'opération de reconstruction ? La route reliant Chevalley à Bab El Oued, autrement dit le « lit » de la vague terrifiante a été reconstruite à 100 %, avec consolidation de son système d'écoulement des eaux de pluie. Les vieux immeubles, durement touchés, ont été détruits pour laisser place à des aires de loisirs et de jardins publics. « Bab El Oued respire mieux, mais la localité reste surpeuplée : 180 000 habitants vivent entassés dans 2 km2 », relève un élu local.