Celles-ci font sensation. A trois étages ou parce qu'elles proposent une étendue variée de produits, on y entre comme dans un musée. A Staouéli, la supérette a effectivement trois étages et trois entrées différentes.Une entrée qui plonge directement dans le monde des jouets pour enfants, une autre dans l'habillement et une dernière qui propose dès l'entrée des packs de six bouteilles de boissons. Instinctivement, les gens se dirigent plus facilement vers l'entrée où l'on aperçoit des produits alimentaires. Maslow, dans sa théorie des ressources humaines, avait classé les besoins de l'être humain dans un pyramide et de manière hiérarchique. Selon lui, pour pouvoir ressentir le besoin de sécurité (en deuxième position) encore fallait-il avoir assouvi nos besoins physiologiques tels que se nourrir. Il aurait pu constater à l'entrée de la supérette de Staouéli Tékia Center à quel point il avait raison. Dans cette supérette, comme dans d'autres d'ailleurs, caddies et paniers sont disposés à l'entrée pour l'usage du consommateur. Or peu de consommateurs les utilisent. Les caddies, plus encore que les paniers, ont l'air de faire peur. Comme si, une fois le produit dedans, il était impossible de s'en démettre dans un bref moment de lucidité devant la caisse. Alors le consommateur ou plutôt le visiteur les boudent. Les allées sont espacées, les étagères remplies de produits divers. Sauce tomate, maïs, petits-pois en conserve... Sauce tomate ! Haricots à la sauce tomate ! A 140 DA le kilo de haricots rouges au marché, les gens se sont rabattus sur les conserves pour préparer leur loubia. Dans la capitale, les citadins préfèrent en rire et voient le côté positif de cette inflation surprenante des prix des haricots rouges. "La prochaine fois que j'invite ma belle-mère à dîner, une loubia fera l'affaire. Au prix des légumes, faire une paëlla avec des fruits de mer serait perçu comme une insulte." Le rayon frais regorge de fromages, yaourts, saumon fumé (600 DA), fois gras (2500 DA)... Par terre, des boîtes de conserve d'aliments pour chats et chiens. Le sachet de Whiskas en croquettes pour chat : 1200 DA. Y aurait-il des haricots rouges dedans ? La tablette de chocolat Lindt 500 DA. Les gâteaux Le petit écolier, dont on prétend dans la publicité que ce n'est que pour les enfants, fait 280 DA. A ce prix, ce n'est que pour les adultes. Les aliments, même s'ils font partie de la première préoccupation, ne sont pas les seuls produits proposés dans la supérette. Les supérettes version conso Les cosmétiques ont une bonne place également dans le magasin ainsi que l'électroménager. Services vaisselles, poêle, pèse-personne, robot multiusage... mais également salon en rotin, en cuir, salle-à-manger en fer forgé, téléviseur écran plat, machine à laver. La supérette de Staouéli grouille de monde. Des familles entières se sont déplacées pour faire leurs courses ou pour regarder. Des salariés proposent leur aide ou vaquent à remplir des rayons entiers de marchandises. La lumière est blanche et n'offre aucune parcelle d'ombre dans cette supérette des temps modernes. Dans les paniers que les gens trimballent gaiement : des produits ordinaires. Dans le fond du magasin, des salariés s'affairent à "empaqueter" le salon qui vient d'être vendu. Les gens cherchent du regard le fameux acquéreur. Une troupe s'est amassée autour incitant les autres à venir s'enquérir de la situation. "Qu'est-ce qui se passe ?" "Rien, quelqu'un vient d'acheter le salon en rotin." A la supérette de Dély Ibrahim, une femme questionnée sur la cherté de la vie répond : "C'est vrai qu'avec un salaire de 30 000 DA, on ne peut pas se permettre de remplir son caddie." A l'évocation du salaire de 30 000 DA, des clients alentour qui écoutent sans mot dire ont la glotte qui fait du bruit. Le son de quelqu'un qui essaie d'avaler un gros morceau de pain. Le responsable de la supérette reconnaîtra que les gens qui viennent s'approvisionner chez lui habitent généralement Dély lbrahim. "Et vous savez que la ville est à l'image de Hydra. C'est un endroit résidentiel", justifie t-il. Au Printemps d'El Harrach, on ne propose pas de produits alimentaires. Et là aussi il y a foule, même en milieu de semaine. Les prix, plus abordables, s'expliquent par le fait que le magasin propose autant de produits fabriqués localement que de produits importés. La superficie est importante et classe davantage le magasin dans la catégorie de supermarché. Bien étudiés, les produits cosmétiques et tout ce qui peut être classé comme décoration maison se trouvent au fond du magasin. Obligé de traverser les rayons vestimentaires pour y parvenir. Histoire d'interpeller le client sur des achats coûteux et pas toujours nécessaires. Au fond du magasin, on s'agglutine devant des étagères mi-osier, mi-fer forgé. Et avec les étagères, toute une gamme de produits du même style est proposée. Du côté des caisses, on fait la queue pour payer. Toutes les supérettes disposent d'un système d'enregistrement des produits à l'aide de code barres. Mais le paiement par carte bleue ou chèque n'est pas mis en place. Des sacs en plastique blanc attendent le client pour ranger ses achats. Des achats qui vont entre 1000 et 5000 DA. Des achats occasionnels ou les courses de la semaine. Entre le consommateur invétéré de produits de supermarché et le simple visiteur du week-end.