Les difficultés rencontrées par les villageois ont vite été aplanies grâce au voisinage qui, dans pareille situation, montre la solidarité légendaire des montagnards. La fête de thaâchourth, tant attendue, n'a pas eu lieu à Aïn El Hammam (50 km au sud-est de Tizi Ouzou). Les festivités sont décalées, pour certains villages ou reportées pour d'autres, à une date ultérieure. Il a suffi qu'il neige durant vingt quatre heures pour que la vie des citoyens soit perturbée. Mercredi, à midi, la situation s'annonçait difficile et inquiétante surtout que la région sans téléphone, risquait d'être coupée du monde. Le soir, de nombreux travailleurs et étudiants venus d'Alger et de Tizi Ouzou étaient bloqués sur la route. Certains ont rebroussé chemin alors que d'autres plus audacieux, ont tenté de rallier Michelet, à pied avec toutefois, cette chance d'être «dépannés» par des véhicules solides, de passage. Malgré le va-et-vient de quelques engins, la route demeurait impraticable toute la nuit. Les trois engins de déneigement disponibles ont, pourtant, fonctionné à plein temps. On ne pouvait, malgré tout, prétendre prendre en charge tout le réseau routier, allant jusqu'à Iferhounene à l'Est, à la limite de la daïra de Larbaâ Nath Irathen, au Nord et celle de Yattaffen à l'Ouest. Comme de coutume en pareille circonstance, ils sont suppléés par des pelles mécaniques appelées à dégager bien que sommairement, la chaussée sur certains axes de la commune. Cependant, la poudreuse était si importante que les traces du chasse-neige étaient recouvertes, quelques minutes après son passage et la largeur de la route ne pouvait être dégagée que sur une seule voie. Le lendemain, jeudi, la situation allait connaître tout de même, une amélioration vers dix heures du matin, avec l'arrêt des chutes de neige. Mais ce n'était que partie remise puisque la poudreuse allait tomber de plus belle dans l'après midi. En ville c'est la désolation. Hormis les cafés, la plupart des commerces ont baissé le rideau. Le lait et les journaux ne sont pas arrivés, tout comme la plupart des camions ravitaillant habituellement la ville. Les citoyens, inquiets, se sont rués sur les magasins restés ouverts pour faire provision de denrées alimentaires supplémentaires. Dans les villages, les revendeurs de gaz ont liquidé leurs stocks. Certains immeubles de la cité Akkar qui ont connu une coupure de gaz, durant la matinée ont vu son rétablissement en début d'après midi. Les pannes d'électricité ont été de courte durée sauf pour le village de Ouaghzen qui a dû passer une partie de la nuit dans le noir, avant que les réparations ne soient effectuées. A l'hôpital, les médecins des urgences n'ont pu être remplacés, près de deux jours après le début de leur garde alors que les néphrologues, résidant à Tizi Ouzou et Boumerdes, n'ont pu rejoindre leurs postes. Pour parer au plus pressé, le président du conseil médical et le directeur, demeuré sur place pour la circonstance, ont pris la décision d'accueillir les insuffisants rénaux sous la surveillance de médecins généralistes et des infirmiers du service. Pour sa dialyse, une patiente est arrivée vers neuf heures, dans un engin de travaux publics. Quelques instants plus tard, c'est une parturiente du village d'Ath Khelifa, à une quinzaine de kilomètres, qui arrive sur le point d'accoucher. Son mari a eu la chance de trouver sur son chemin un particulier de passage, avec un véhicule tout terrain. La création d'un SAMU est plus que jamais souhaitée pour éviter des situations désespérées.Les difficultés rencontrées par les citoyens, chez eux ou lors de leurs déplacements ont vite été aplanies grâce au voisinage qui, dans l'adversité, montre toute la générosité et la solidarité qui caractérisent les montagnards, depuis des lustres.