Saccages à Belouizdad Des troubles ont éclaté mercredi soir vers 21h à la rue Belouizdad où des jeunes du quartier ont scandé des slogans hostiles au pouvoir. Cela a commencé tout près du ministère du Travail où quelques jeunes ont coupé la rue en brûlant des poubelles et autres. Quelques heures après, la police antiémeute a tenté de rétablir l'ordre, mais les émeutiers ont tenu tête. D'autres groupes se sont formés par la suite pour jeter des projectiles sur les policiers. La caméra de télésurveillance placé au niveau du Musset et le centre culturel de Belouizdad ont été totalement saccagés. La colère des jeunes s'est amplifiée dans tout le quartier de Belcourt et à Hussein Dey. A Belcourt, certains commerçant se sont déplacés sur les lieux de peur d'être pillés. «Les jeunes ne veulent pas se calmer» Nous vivons depuis déjà trois jours au rythme des manifestations. Depuis, ce ne sont que pneus brûlés, routes coupées… Les jeunes ne veulent pas se calmer. La circulation a dû être déviée. Nous faisons tout un détour pour y arriver, en passant par la ville de Staouéli. Pour arriver à Koléa par exemple, il faudrait faire un détour via Magtaa Kheira. Mohamed, chauffeur de taxi.
«Benhadj s'est fait chasser !» Les jeunes manifestants criant «BabEl Oued Echouhada !» ont saccagé les locaux de l'opérateur téléphonique Mobilis aux Trois Horloges et ont essayé de voler le coffre-fort mais les services de police sont intervenus à temps. Il y a beaucoup de blessés dans les rangs des protestataires et de la polices (nous n'arrivons à obtenir aucun bilan de la police, ndlr). Ali Benhadj est venu dans sa voiture à Bab El Oued et a essayé de calmer les jeunes en leur suggérant de se joindre à une marche pacifique qu'il organisera himself afin de revendiquer leurs droits. Mais les jeunes rebelles se sont emportés et l'ont chassé du quartier en le traitant de tous les noms. Certains sont même montés sur sa voiture en proférant des grossièretés à son égard et en lui disant que les jeunes d'aujourd'hui ne sont plus naïfs comme ce fut le cas dans les années 1990, pour croire en sa «bonne foi !». Kader, 28 ans.
«Des odeurs de gaz étouffantes» Les jeunes étaient déchaînés et cassaient toutes les voitures. Lorsqu'ils sont arrivés en bas de notre immeuble, au Kettani, on a jeté sur eux des éclats de verre pour les empêcher de s'en prendre à nos voitures. Ils ont pris la fuite et se sont éloignés. Le spectacle de leur violence, tellement effroyable et les odeurs de gaz lacrymogène, étouffantes, m'ont poussé à la fuite. J'ai emmené ma femme et mes enfants chez mes parents dès que j'ai pu. Farid, 34 ans, père de famille.
«Ils promettent des émeutes après la prière» Il y a eu vol de portables, de voitures et de multiples agressions. C'est vraiment dommage, alors que les vraies émeutes se sont déclenchées pour protester contre la cherté de la vie. Il faut dire que ces vrais émeutiers subissent la hogra qui vient s'ajouter au chômage. Ces jeunes n'ont aucune perspective, ce qu'ils font est normal. Il y a eu de la casse, c'est vrai mais en signe de protestation pour qu'on les entende. Dommage également que les services d'ordre ne peuvent pas maîtriser et protéger les citoyens des petits délinquants. L'ambiance nous fait peur, d'autant plus qu'aujourd'hui, ils promettent de violentes émeutes après la prière. Fatima, femme au foyer, Beau Fraisier.