Trop de pressions sur le président de suivi et de validation de la Cnac, ont poussé ce dernier à la démission. Les suites réservées aux demandes de financement de projets auprès des banques publiques, introduites par le biais de plusieurs dispositifs favorisant la création d'entreprises et d'emplois tels la caisse nationale d'assurance chômage (Cnac), l'agence pour le soutien à l'emploi des jeunes (Ansej), l'agence nationale pour la gestion du microcrédit (Angem), ne trouvent un aboutissement favorable que dans 15 à 20 % des cas à Guelma. En effet, les chiffres ont parlé dans cette wilaya où le taux de création d'entreprises est extrêmement faible. Le dernier bilan de la direction de l'emploi, arrêté au 31 décembre 2010, a révélé, depuis le lancement des différents dispositifs d'aide en 2004, que sur 6 906 dossiers déposés, 5 591 ont été accordés par l'Ansej et que seuls 1 402 ont reçu un financement de la banque. Les mêmes écarts entre les dossiers déposés, accordés et financés, nous le retrouvons avec la Cnac avec 2 592 dossiers déposés, dont 1 707 accordés pour 544 projets financés. Mais qu'en est-il au juste ? Pourquoi les banques ne financent-elles pas ces projets ? D'autant qu'une instruction du chef du gouvernement du mois de juillet 2008 avait imposé des mécanismes pour justement faciliter le financement des projets aux promoteurs. Mais contre toute attente, nous dit-on, «rien n'a changé, le dispositif n'est qu'un miroir aux alouettes». Une situation confirmée, en fin de semaine, lors d'un conclave entre toutes les parties prenantes de ce dossier, notamment les banques et les agences Cnac, Ansej et Angem. Il en ressortira un éventail de contraintes. Le directeur de l'emploi résume ainsi la situation : «Effectivement, d'une part nous avons des contraintes au niveau des banques où les décisions d'accord de crédit reviennent finalement aux directions régionales, et d'autre part un sous-encadrement dans le traitement des dossiers à l'échelle locale. Cette situation engendre des retards et beaucoup de refus.» Et d'ajouter: «Les promoteurs ont, dans la plupart des cas, des difficultés à compléter leur dossier et à réunir leur fonds personnel. Le tout dans une absence totale d'engagement et de motivation.» Les chômeurs manquent d'idées novatrices D'autre part, le directeur de la Cnac, Nabil Louchene, nous révèle ceci: «A Guelma, les prestations de service représentent 65 % des projets financés par la Cnac. Le transport public (voyageurs et marchandises) est le créneau le plus convoité par les jeunes chômeurs, avec 320 camions financés dont 114 au niveau du chef-lieu. Vient ensuite la création d'entreprise dans le bâtiment et travaux publics (BTPH) avec seulement 8 %. La petite industrie figure à la 3ème position avec 5 %. Le parent pauvre demeure l'agriculture avec 2,5 %.» En clair, tient à préciser notre source, «les chômeurs manquent d'idées novatrices. La pérennité et la renommée de leur entreprise ne les intéressent pas, seul l'attrait pour une recette journalière est indéniable. Mais la réalité du terrain prouve que l'on ne s'improvise pas transporteur public. Le projet coule quelques mois plus tard.» Pour rappel, le créneau du transport public avait été gelé par le conseil de suivi de validation (CSV) des dossiers auprès de la Cnac. La souveraineté de ce conseil constitué de représentants des différentes banques, a vacillé. La réactivation de ce créneau dans le cadre d'une politique générale, et ce malgré les mises en garde, les injonctions et pressions, a mené à la démission de son président. Quoi qu'il en soit, une fois les projets concrétisés, le jeune créateur d'entreprise n'est toujours pas un expert dans son domaine d'activité, et certainement pas un chef d'entreprise accompli, d'autant que les mesures d'accompagnement en terme de formation solide en management, gestion, marketing et commercialisation, en aval ou en amont, pour l'acceptation du dossier, ne sont pas dispensées par ces dispositifs. Il faut savoir que les projets plafonnent à 10 MDA (millions), notamment pour la Cnac, ultime perche pour les chômeurs de longue durée (les plus vulnérables de ce fait), puisque touchant les 30-50 ans.