La situation se complique davantage au complexe ArcelorMittal El Hadjar. Bien que le syndicat de l'entreprise ait décroché un engagement de la direction générale d'embaucher, au mois de février, un contingent de 200 ouvriers intérimaires, d'intégrer 290 autres début juin prochain et 200 en janvier 2012, les grévistes maintiennent toujours leur mouvement de protestation entamé mercredi dernier. Ils ont été rejoints par une autre catégorie de travailleurs, au nombre de 300, issus des entreprises sous-traitantes qui, depuis trois jours, bloquent l'accès à la direction générale de l'entreprise. Ce qui a empêché Vincent Legouic, le directeur général d'ArcelorMittal Annaba, à accéder à son bureau durant toute cette période. Hier, les grévistes n'ont pas quitté les deux aciéries à oxygène bloquant toujours le processus de production de l'acier, a-t-on constaté sur place. D'autres ont préféré stopper les ponts qui approvisionnent en matière première les ateliers en amont. Une situation qui a poussé l'employeur à recourir à la justice en déposant plusieurs plaintes. L'impact de la grève a pesé lourd sur la production de l'acier. «Seules 35% des prévisions de production seront réalisées au mois de janvier», a regretté la direction. Sur un autre plan, le conseil d'administration d'ArcelorMittal Annaba, qui s'est réuni avant-hier, a décidé d'un plan de développement industriel de près de 500 millions d'euros dans le complexe d'El Hadjar. En retour, l'usine sera amenée à produire dans une première phase 1,4 million de tonnes/an pour atteindre 2,4 millions de tonnes/an d'ici 2015. Ainsi, selon les résolutions prises, l'unité cokerie sera totalement rénovée ; l'enveloppe nécessaire s'élève à 90 millions d'euros. Qualifié de cœur de la production de l'acier, le haut fourneau (HF) n°2 et son agglomération ont été également retenus dans ce plan d'investissement qui priorise la mise à niveau de son outil de production. Une enveloppe de 102 millions d'euros est retenue pour assurer leur remise en état. La part du lion a été engrangée par les deux aciéries à oxygène avec la transformation et la mise en place d'une unité de réduction directe (DRI) puisque pas moins de 300 millions d'euros leur sont réservés. Aussi, la ligne ferroviaire reliant l'usine d'El Hadjar au site minier de Ouenza (Tébessa) sera remise en état. Avec cet important plan d'investissement qui s'étale sur 5 ans, ArcelorMittal et Sider ont jugé utile d'augmenter leur capital social à, respectivement, 105 millions et 45 millions d'euros. Contactés, la direction générale comme le syndicat d'entreprise d'ArcelorMittal Annaba ont confirmé l'information. Selon Smaïl Kouadria, qui a qualifié ces résolutions d'«ambitieuses», «ce plan d'investissement qui s'étalera jusqu'à 2015 confirme la bonne volonté de notre employeur d'inscrire son développement stratégique en Algérie et développer ses capacités de production sur le site d'El Hadjar en le dotant d'un outil remis à niveau». Parallèlement, la direction générale d'ArcelorMittal s'est engagée, d'un commun accord avec son partenaire social, à recruter, d'ici janvier 2012, quelque 700 travailleurs. Ils remplaceront progressivement les départs volontaires. Cependant, ArcelorMittal a exigé de son partenaire social de garantir la continuité des opérations de production, condition sine qua non pour la réalisation de ces plans de développement.