«Revendication» par le suicide De l'émeute à l'immolation. Les actes de protestation évoluent au gré des situations et prennent des formes de plus en plus radicales et surtout spectaculaires. Si ces dernières années ont été «émaillées» par des jacqueries, le mois de janvier a été incontestablement celui des immolations par le feu. Un acte suicidaire des plus atroces, auquel on survit difficilement. Pas moins d'une dizaine de tentatives ont été recensées durant ce début 2011 qui s'annonce d'ores et déjà «brûlant». Rien qu'hier, deux Algériens, désespérés, ont tenté de se donner la mort en mettant le feu à leur corps. Le premier est un employé de la Banque de développement local (BDL), qui a tenté ce geste suicidaire devant le siège de la direction générale de cet établissement financier à Staouéli, dans la banlieue ouest d'Alger. Père d'une fillette handicapée, cet agent de banque, qui fort heureusement a été empêché par des employés de l'agence d'aller jusqu'au bout de son ultime acte de désespoir, a voulu protester contre la misère sociale dans laquelle il vit depuis des années. Le deuxième est un jeune employé de l'Algérienne des eaux, ADE, de Tizi Ouzou qui s'est révolté contre «un flagrant cas d'injustice». Ses responsables auraient voulu le muter «sans motif valable» vers une autre structure. Dans les deux cas, les tentatives d'immolation ont été commises par désespoir extrême. Dans la même journée, un Algérien qui s'était immolé par le feu dans la région de Bordj Bou Arréridj a succombé à ses brûlures, portant la liste des décès par immolation à trois. Il s'agit d'un jeune homme de 26 ans, sans emploi et sans logement, mort à l'hôpital de Constantine où il avait été admis la veille après s'être aspergé d'essence dans la localité de Medjana, près de Bordj Bou Arréridj. Avant lui, deux autres personnes qui avaient commis le même acte de désespoir n'ont pas survécu à leurs brûlures. Il s'agissait d'un jeune de Tébessa et d'un autre à Bordj Menaïel. Les raisons ayant conduit ces Algériens à tenter de se donner la mort de la manière la plus cruelle sont souvent semblables. Ce sont des actes suscités par une injustice sociale aggravée par l'absence de toute autre voie de recours.
Une autre tentative à Tizi Ouzou Un jeune homme a tenté de s'immoler par le feu, hier, à l'intérieur du siège de la direction de l'Algérienne des eaux (ADE), à Tizi Ouzou. Cet agent, S. Hakimi, la trentaine, originaire de la région de Beni Douala, est employé depuis plus de cinq années à l'ADE. Il est entré, dans la matinée, dans le bureau du directeur, le menaçant de s'immoler, selon des témoignages. Il a commencé à s'asperger d'essence, selon des témoins. Il a fallu l'intervention de ses collègues pour l'empêcher de mettre le feu. Les raisons de cette tentative désespérée seraient liées à une mutation jugée arbitraire par l'intéressé, selon nos informations.