Dans plusieurs localités, les difficultés d'approvisionnement des bureaux de poste sont devenues monnaie courante. Je suis passé retirer un peu d'argent à la poste de Makouda, mais il n'y en avait plus», nous dira un jeune médecin, exerçant au centre de soins de Makouda, rencontré au chef-lieu de wilaya. Lundi 24 janvier, tous les guichets de paiements à vue à la Poste Chikhi du centre-ville de Tizi Ouzou, étaient mis au «vert», dès 10h30 environ. Bondé de monde, le bureau de poste commençait à se vider peu à peu après épuisement des derniers billets disponibles. Un seul distributeur sur deux était fonctionnel. Là encore, une longue file s'y était formée. Même image à Fréha, dans l'après-midi. La chaîne s'est étirée sur plusieurs mètres à l'extérieur de cette structure. Une image que l'on croyait révolue. A Azazga, il est inutile d'attendre son ticket tant la foule est immense. De plus, le montant du chèque, plafonné à 5000 DA, vous est remis en… pièces de 100 DA. A Tigzirt, c'est le même montant. Dans les bureaux de poste d'Iflissen, de Boudjima, de Tikobaïne ou d'Aghribs, c'est carrément la rupture des fonds. La prestation est limitée à la demande de l'avoir. Bien que calmes, les citoyens désirant retirer leur argent dans ces guichets ruminent une colère sourde. La déception se lisait sur les visages après de longues heures d'attente, vainement. La persistance de cette pénurie, annoncée jusqu'au mois de mars, exacerbera davantage le moral des ménages. «J'ai un crédit immobilier à honorer auprès de la BDL. Si cela continue, je risque des pénalités», se lamente un citoyen à l'entrée de la poste de Fréha, ceci sans citer les dépenses quotidiennes auxquelles il doit faire face en bon chef de famille. Le bonhomme est pris ainsi en tenailles et apprend à ses dépens la limite de la signification du service public. La semaine dernière à Aïn El Hammam, la grogne des usagers du bureau de poste local a failli déboucher sur une situation incontrôlable. Venus retirer leur argent, de nombreux retraités et enseignants se sont vu renvoyés pour manque de liquidités. Il n'en fallait pas plus pour que les clients perdent leur self contrôle.Des injures et des appels à la casse fusaient alors depuis la salle d'attente où s'étaient entassées, dès les premières heures de la matinée, des centaines de personnes. Sans le sou, les enseignants qui venaient de recevoir les virements de leur salaire, avec une quinzaine de jours de retard, ne concevaient pas qu'un autre couac venait les en priver. Il a fallu l'intervention de quelques sages pour calmer les esprits et désigner une délégation pour se rendre à la daïra s'entretenir avec son principal administrateur. Mardi, durant la matinée, le peu de fonds dont disposait la poste était «distribué» avec parcimonie à raison de 10.000 DA par personne. Depuis plusieurs mois maintenant, des difficultés d'approvisionnement en fonds du bureau de Aïn El Hammam étaient devenues monnaie courante, les titulaires de CCP ne sont plus jamais sûrs d'entrer en possession de leur argent.