La colère des étudiants s'accentue. Elle gagne d'autres universités à l'est du pays. Grève par-ci, rassemblement par-là. Le mouvement de contestation prend de l'ampleur. La raison est la même : maintien du système classique et annulation du décret n°10-315 du 13 décembre 2010 fixant la grille indiciaire des traitements et le régime de rémunération des fonctionnaires. Après des actions disparates, les étudiants de différentes universités algériennes ont décidé d'unir leurs forces en mettant en place une structure de concertation pour de futures actions communes. Cette structure, appelée coordination, regroupe d'ores et déjà 16 universités et toutes les écoles nationales qui ont eu à mener des actions de protestation la semaine dernière. Les initiateurs de cette coordination disent être en contact avec les étudiants d'autres universités pour élargir le front à l'ensemble des étudiants concernés par ce nouveau système rejeté. Comme première action commune en vue : un rassemblement demain devant le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Certains protestataires veulent aller plus loin et rendre ce rassemblement quotidien jusqu'à l'annulation du décret contesté. Les étudiants (en graduation et post-graduation) refusent ainsi de baisser les bras et affichent leur détermination à aller jusqu'au bout de leurs revendications qu'ils rappelle dans une lettre adressée au ministère de tutelle. Dans cette lettre de doléances, les étudiants détaillent les raisons de leur contestation : «Comment peut-on expliquer le fait qu'un étudiant titulaire d'un bac+5 ayant réussi un concours national pour l'accès en post-graduation et une année théorique après une série d'examens – et ayant soutenu un mémoire dont la finalisation nécessite au minimum une année et plusieurs mois d'attente pour l'obtention d'une autorisation de soutenance et dont le travail fera l'objet de communication nationale et internationale, voire de publication – soit aligné au même titre qu'un étudiant titulaire d'un mastère qui obtient sa licence suite à la présentation d'un poster ou d'un rapport théorique de stage», dénoncent les étudiants protestataires, qui précisent en outre que la délivrance du diplôme de mastère aura lieu après la soutenance d'un mémoire dont la préparation prend trois à quatre mois de stage pratique. Pour eux, incontestablement, le cursus des étudiants du système classique est incomparable en termes de qualité à celui des étudiants suivant le système LMD dont l'application est diversement appréciée. «Ce décret défavorise les titulaires du diplôme de magistère qui ne pourront postuler aux postes de l'enseignement supérieur qu'après une inscription en doctorat, soit bac+8. Ces derniers verront leurs chances compromises par la candidature des titulaires du diplôme de mastère inscrit en doctorat de 3e cycle, soit bac+6», font-ils remarquer dans la lettre adressée au ministère de l'Enseignement supérieur. Les étudiants du système classique énumèrent les préjudices causés par ce décret aux titulaires du diplôme d'ingénieur d'Etat (bac+5). «Comment expliquer à un étudiant ayant obtenu son baccalauréat avec mention et qui intègre une école d'ingénieur pour obtenir son diplôme qu'il se retrouve dans la catégorie 13, alors qu'un autre, ayant obtenu son bac sans mention, se retrouve en catégorie 14 ?», relèvent les protestataires. Outre le retour à l'ancien système, les étudiants demandent l'abrogation de l'équivalence du diplôme de magistère, la reconduction du droit d'accès aux grades de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique pour les titulaires d'un magistère, l'éclaircissement de l'orientation des étudiants en tronc commun (système classique), le maintien des concours d'accès en post-graduation au profit des étudiants ingénieurs d'Etat ou leur intégration en première année doctorale (3e cycle LMD). Les étudiants assurent qu'ils resteront mobilisés jusqu'à la pleine satisfaction de leurs revendications.