Les récentes modifications apportées au décret présidentiel n°10-315 du 13 décembre 2010 fixant la grille indiciaire des traitements et le régime de rémunération des fonctionnaires n'ont pas été du goût des étudiants des écoles nationales supérieures qui ont vite fait d'afficher leur mécontentement. Un large mécontentement qui s'explique par le fait que les modifications apportées au texte classe les diplômés de ces prestigieux établissements supérieurs dans la catégorie 13 de la grille indiciaire. Celle-ci, stipule le décret, compte les fonctionnaires ayant un baccalauréat et cinq années de formation supérieure ou une licence, et une postgraduation spécialisée. Alors que les détenteurs de master, magistère ou un diplôme de l'Ecole nationale d'administration (nouveau régime) dans la catégorie 14 de la grille indiciaire. Les étudiants contestent ce classement et estiment que “les diplômes délivrés par une prestigieuse école supérieure dont l'accès est soumis à des conditions pour une formation de cinq longues années méritent une meilleure reconnaissance”. Ces nouveautés introduites au mois de décembre dernier soulèvent depuis deux jours le courroux des étudiants de plusieurs écoles qui ont décidé d'exprimer leur contestation par des mouvements de grève et des rassemblements devant le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Après le sit-in, mardi dernier, des étudiants de l'Ecole préparatoire sciences et techniques d'Alger, le siège de Harraoubia a été pris d'assaut hier matin par des étudiants de plusieurs écoles supérieures. Nous citerons entre autres ceux de l'Ecole nationale supérieure des travaux publics, de l'informatique et les écoles préparatoires sciences et techniques d'Alger, polytechnique, architecture… Les étudiants se sont donné le mot pour se retrouver devant la tutelle, braver le dispositif sécuritaire mis en place et défendre leur droit à un statut plus digne des années de sacrifice et de travail qu'ils ont fourni tout au long de leur cursus scolaire. “Nous ne pouvons accepter d'avoir le même statut qu'un étudiant qui aura fait 5 années d'études au sein d'une simple université. Dans ce cas, quelle est la différence entre une grande école et une faculté ? Pourquoi exiger des conditions spéciales pour l'accès à ces écoles ?” s'interroge un contestataire. Faut-il rappeler à ce propos que seuls les meilleurs bacheliers (minimum 16 de moyenne au bac) sont sélectionnés pour accéder à une formation spéciale dans ces écoles censées préparer la future élite du pays. Et qui dit élite dit forcément une meilleure valorisation et considération que la catégorie 13 ne peut garantir une fois le diplôme en poche. Les nombreux étudiants, qui se sont déplacés hier chez Harraoubia, réclament la révision pure et simple de ce décret et de la catégorie qu'ils qualifient de “dévalorisante”.