Le vaccin contre le pneumocoque est-il indispensable pour les enfants ? Autrement dit, faut-il systématiquement vacciner les bébés contre cette bactérie redoutable ? C'est, entre autres, à cette question qu'ont répondu en substance les pédiatres et les microbiologistes algériens et marocains qui prenaient part à un sommet maghrébin sur le pneumocoque, qui s'est tenu le 12 février dernier à Marrakech (Maroc). Marrakech De notre envoyé spécial L'Organisation mondiale de la santé (OMS) le recommande : le calendrier vaccinal des enfants doit comporter la vaccination contre le pneumocoque. Ce vaccin protège les enfants contre les maladies liées à ce germe telles que la méningite, la septicémie (bactéries dans le sang), la pneumonie (infection du poumon) et l'otite moyenne aigüe (infection de l'oreille). Cette rencontre organisée par le Groupe biopharmaceutique Pfizer vient conforter un nombre grandissant de données de l'OMS qui montrent que le vaccin contre le pneumocoque est sûr et efficace et qu'il sauve la vie des enfants. Ce germe constitue la première cause de mortalité par infection bactérienne chez les moins de 2 ans. Les séminaristes qui ont passé en revue les toutes récentes études épidémiologiques des infections au pneumocoque en Afrique du Nord ont souligné l'intérêt de la vaccination conférant une immunité contre ce germe redoutable. Selon des données publiées, en 2008, par l'OMS, 19% des décès des enfants de moins de 5 ans en Algérie sont causés par la pneumonie, soit 5% de plus que la prévalence mondiale (14%). Et la moitié de ces pneumonies est causée par le pneumocoque. Ce microbe est une bactérie qui peut se présenter sous 90 différentes souches et 15 d'entre elles sont capables de tuer notamment les enfants. Chaque année, la bactérie connue sous le nom de streptococcus pneumoniae tue plus de 1,6 million de personnes dans le monde, dont 700 000 à 1 million d'enfants de moins de 5 ans. Selon l'OMS, la pneumonie tue plus d'enfants que tout autre maladie, plus que le sida, le paludisme et la rougeole réunis. Les pathologies pneumoccociques, soutient cette organisation mondiale, sont la première cause de mortalité évitable par un vaccin dans le monde, chez les enfants de moins de cinq ans. En 2009, l'OMS et l'Unicef avaient établi un plan d'action mondial de lutte contre la pneumonie chez les enfants. Ce plan recommande notamment la vaccination. Depuis dix ans, un vaccin antipneumocoque est disponible dans les pays d'Europe et d'Amérique du Nord. Autorisé en Europe depuis 2001, une première version de vaccin immunise contre sept des formes les plus dangereuses de la maladie. Il est tout récemment remplacé par une formule plus étendue, qui s'attaque à six types supplémentaires du microbe. La nouvelle forme protège contre 13 formes de pneumocoques. En Afrique, certains pays ont aussi intégré cette vaccination. C'est le cas du Kenya, de la Sierra Leone, du Rwanda ou encore de la Gambie. Dans le Maghreb, seul le Maroc a pour le moment intégré, fin octobre 2010, la vaccination contre le pneumocoque dans son programme national de vaccination. En Tunisie, le vaccin n'est disponible que dans le privé. L'Algérie va-t-elle intégrer le vaccin antipneumocoque dans son calendrier vaccinal ? «La vaccination anti-pneumocoque est fortement recommandée», déclare à El Watan le professeur Jean-Paul Grangaud, responsable de la commission algérienne de refonte de la prévention médico-sanitaire, instance installée, l'an dernier, par le ministère de la Santé. Les pédiatres qui s'inquiètent de la résistance croissante de ces bactéries aux antibiotiques recommandent fortement la vaccination contre le pneumocoque.