La barbe hirsute, le corps recouvert de poussière et de salissures, ils déambulent dans les rues et les artères de la cité. Parfois à moitié nus ou légèrement vêtus. Ils marmonnent dans leur affreuse solitude des propos abscons. Alger ne manque malheureusement pas de fous et autres handicapés mentaux qui vagabondent comme des bateaux perdus en divers endroits de la cité. Il y en a même qui font preuve d'agressivité à l'égard des passants, proférant des injures, insultes ou lançant dans le tas des projectiles de fortune. Leur détresse les pousse à s'en prendre étrangement aux femmes en particulier. D'autres simples d'esprit s'adonnent à des gestes incompréhensibles qu'ils répètent à longueur de journée. Gribouiller des inscriptions sur la voie publique, faire des va-et-vient incessants au milieu du chemin. Le regard livide, la mine désemparée, l'âme absente. On éprouve de la peine à les voir souffrir. La compassion est sincère quand, abattus par tant d'efforts inutiles, ils s'affalent au coin d'une rue et tombent dans un sommeil qui n'est jamais réparateur. Le drame de ces personnes est connu de tous. On les rencontre quotidiennement accomplissant les mêmes gestes engoncés dans les mêmes attitudes. Rituel immuable de la folie, qui jette l'infortunée victime dans les abysses de la déchéance. Faudra-t-il constamment se contenter d'un constat aussi amer soit-il pour évoquer la triste existence de ces handicapés ? Sommes-nous forcés de les observer tous les jours sans qu'aucune solution soit prodiguée à ces hommes et femmes livrés à leur détresse ? Il semble que les pouvoirs publics ont largement la possibilité d'agir pour stopper le calvaire et les souffrances endurées. La collectivité est interpellée pour aider à régler ce problème. C'est une exigence.