Le premier meeting populaire organisé, hier à la salle Atlas, par la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD-Barakat), risque d'être le dernier. C'est du moins ce qu'ont laissé entendre certains représentants d'organisations membres de la Coordination. «Les citoyens nous demandent d'organiser des marches pacifiques. Nous allons donc opter pour des rassemblements pacifiques et arrêter les meetings», a affirmé Rachid Malaoui, président du Snapap, lors de son intervention. Et d'ajouter : «Il y aura seulement des petits meetings et des réunions de sensibilisation dans les quartiers», précisant que la date des prochaines actions sera arrêtée lors de la prochaine réunion de l'organisation. Un changement de stratégie ? Il est vrai que l'événement d'hier n'a pas drainé les foules. La salle Atlas, d'une capacité de quelque 2500 places, était d'ailleurs à moitié vide. Mais les organisateurs dressent un bilan mi-figue, mi-raisin. «Il est vrai qu'il n'y avait pas beaucoup de monde. Mais le plus important pour nous est la présence de ces dizaines de jeunes issus des quartiers populaires. Nous devions leur expliquer notre lutte», a expliqué Rachid Malaoui. «Nous n'avons pas besoin d'une salle comble comme un œuf, mais où il n'y aurait pas que nos adhérents», enchaîne-t-il. Selon lui, sensibiliser les comités des quartiers d'Alger était le but de ce meeting. L'objectif a même été atteint, estiment encore les organisateurs. L'action a eu le mérite en tout cas de convaincre les jeunes adhérents de la Ligue algérienne de la jeunesse libre (LAJL), venus du quartier de Bourouba. «Nous partageons les idées de la CNCD et nous marcherons avec eux lorsqu'ils le feront», affirme Mahrez, 21 ans. «Je m'attendais à plus de monde. Mais c'est un bon début», ajoute-t-il. «Halte à la corruption du peuple» Plusieurs intervenants se sont relayés, près de deux heures durant, à la tribune, ornée pour l'occasion de fanions et de nombreuses banderoles. Les slogans sont pour la plupart les mêmes formules hostiles au pouvoir, brandies à chaque manifestation : «Le peuple veut le changement du système», pouvait-on lire, entre autres. Les allocutions des orateurs convergeaient toutes en un point commun : la nécessité d'un changement radical du pouvoir en place. «Depuis plus de 3 mois que le pays est en ébullition et pas un mot de la part du président de la République. C'est comme si l'Algérie n'avait pas de gouvernement ou de Président», lance Hassan Ferhati, représentant du collectif SOS Disparus. «Le système est obligé de partir, lui qui accapare le pouvoir par la force», a asséné Azzouaou El Hadj Hammou, représentant de l'association AVO 1988. Et afin d'aboutir à ce changement tant espéré, nul autre salut que de fédérer l'ensemble des forces qui luttent dans ce sens. «Les solutions ne viendront pas d'une formation syndicale seule. L'union du peuple et de tous ceux qui se battent pour une Algérie meilleure est l'unique moyen», a d'ailleurs souligné Idir Achour, porte-parole du CLA. «La lutte ne doit pas être seulement une revendication socioéconomique. Elle doit être relayée par une lutte idéologique, pour la bonne gouvernance, la démocratie. Un combat qui se doit être pacifique et patient», a estimé, quant à lui, Me Mustapha Bouchachi, président de la Ligue algérienne des droits de l'homme. «Car il y va de notre responsabilité à tous. Le système ne doit plus corrompre le peuple algérien. Notre dignité ne s'achète pas», a-t-il conclu.