-Me Mustapha Bouchachi, président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (membre de la CNCD Barakat) : «La révision des textes annoncée : un processus biaisé d'avance» «Le problème en Algérie n'est pas un problème de textes (juridiques), mais un problème d'institutions qui agissent en dehors des lois. On peut fabriquer les meilleures lois du monde, s'il n'y a pas une volonté de les respecter, des mécanismes, des contrepouvoirs, rien ne changera. Ce n'est donc pas une question de textes, de refonte de la Constitution, mais bien une question d'institutions évoluant en dehors des lois. A mon sens, la révision des textes annoncée est d'ores et déjà un processus biaisé. La refonte de ces textes devrait échoir à des institutions ‘'bien élues'' et non pas aux institutions actuelles. Celles-ci n'offrent aucune garantie et ce ne sont certainement pas elles qui changeront le système.» -Salhi Chawki, secrétaire général du Parti socialiste des travailleurs : «Bouteflika affiche un autosatisfaction démentie par les miliers de lutte quotidienne des Algériens» «Il est clair que les révolutions tunisienne et égyptienne, et le formidable mouvement de masses algérien ont amené le président Bouteflika à faire machine arrière de son cours autoritaire et de sa dérive monarchique. Il annonce en fait – car il ne s'agit pour le moment que d'annonce – une politique de réformes tout en conservant la tutelle sur les libertés des Algériens, l'agrément des partis, l'encadrement des associations, etc. Aussi Bouteflika décidera tout seul de la loi suprême après avoir écouté des soi-disant experts. En temps ordinaire, on fait une Constituante, une assemblée représentant la majorité du peuple. Sinon, au niveau du cours économique, Bouteflika affiche d'abord une autosatisfaction qui est démentie par les milliers de luttes auxquelles nous assistons tous les jours. Secondo, il maintient le même cap, à savoir construire des routes et des logements pour faire marcher les affaires des multinationales et des capitalistes nationaux. Je pense qu'il poursuivra la même politique favorisant le pillage des ressources, l'exploitation et la précarisation des Algériens, nonobstant les vœux pieux sur la lutte contre la corruption qui ne résistera pas à l'épreuve de cette réalité. Sur le plan des institutions, il fait machine arrière sur son cours autoritaire. Ce n'est pas rien, mais il faut voir après.» -Samir larabi, porte-parole du Comité national pour la défense des droits des chômeurs : «Le chef de l'Etat parle d'une souveraineté populaire qu'il refuse à son peuple» «Le Président parle d'une souveraineté populaire qu'il refuse à son peuple»«Lors de son allocution, le Président a défendu son bilan économique et social. Un bilan que nous jugeons en dessous des aspirations du peuple, qui aspire, lui, à un véritable progrès social et à instaurer une véritable démocratie. Le Président n'a fait qu'entériner les décisions du Conseil des ministres qui consacrent et prolongent la précarité des relations de travail et ces politiques qui consacrent le vol, la rapine et qui ne s'appuient sur aucune vision économique globale et intégrée capable de créer de l'emploi et de la richesse. Le Président n'a pas répondu à nos préoccupations principales, à savoir un travail décent, une allocation chômage à hauteur de 50% du SNMG, la permanisation de tous les contractuels, etc. Bouteflika n'a pas répondu par ailleurs aux revendications légitimes des étudiants, des médecins résidents, des communaux. Le Président a parlé d'une souveraineté populaire qu'il refuse à son peuple et qu'il réprime quotidiennement. Sur le plan de la représentation politique, je pense qu'il faut aller vers la suppression de l'institution présidentielle qui accapare tous les pouvoirs, et élire, à la proportionnelle nationale, une assemblée constituante représentative des aspirations des masses laborieuses, du peuple. Nous voulons une Algérie où les Algériens pourront accéder à un travail décent, à un logement, à la gratuité des services publics… Une société où la répression et l'exploitation seront bannies à jamais. Le 1er mai prochain, nous serons de nouveau dans la rue pour imposer le changement que nous voulons, nous, les Algériens d'en bas.» -Seddik Chihab, vice-président de l'APN et membre du bureau politique du RND : «Nous sommes en harmonie avec le contenu du discours» Aussi bien dans sa partie diagnostic que dans les objectifs à atteindre. Nous saluons un certain nombre de décisions, notamment celles en rapport à la révision de lois qui tendent à asseoir davantage la démocratie, à approfondir ce concept qui est pour nous irréversible, de pluralisme également, la volonté d'étendre la concertation à l'ensemble des partis politiques, y compris ceux qui ne sont pas représentés au Parlement, à reconsidérer le rôle des associations, des partis politiques, le code électoral, tous ces éléments concourrant donc à édifier une démocratie plus profonde et réelle. » -Me Ali Yahia Abdennour, président d'honneur de la LADDH, membre de la Cncd version partis politiques : «Le Président a parlé de la démocratie après l'avoir vidée de son sens» «Le Président a parlé de la démocratie après l'avoir vidée de son sens, parlé de la lutte contre la corruption après que des scandales aient secoué ces deux dernières années le régime devenu kleptocratique. Il a parlé des jeunes, des jeunes générations qui, elles, possèdent la science, la culture et la technologie alors que ce sont elles justement qui doivent être. C'est cette jeunesse, épine dorsale de la nation, symbole de l'espérance, de l'avenir et de la liberté qui doit succéder au pouvoir du président.» -Abderrezak Mokri,vice-président du MSP : «Bouteflika n'a pas voulu assumer sa responsabilité historique» «Le Président a ouvert des chantiers en compilant les propositions de la classe politique et en les organisant dans un ensemble de commissions. Le président Bouteflika n'a fait, en définitive, que renvoyer la balle dans le camp de la classe politique et refuse, à ce titre, d'assumer sa responsabilité historique.En tant que président de la République, il n'a pas pris sa responsabilité, donné sa vision des réformes. Lorsqu'il s'est agi d'amender la Constitution, de faire sauter le verrou limitant le nombre de mandats, Bouteflika l'a fait lui-même, en soumettant son amendement au Parlement. Pourquoi ne le fait-il pas maintenant ? Ceci dit, je ne pense pas qu'il existe une réelle volonté de réforme. Je ne retiens pas de choses importantes dans son discours. Certes, il a engagé un processus, mais on ne sait pas combien de temps cela va-t-il prendre et quels seraient ses aboutissements.»