Dans une tribune publiée par le quotidien arabe Asharq Al Awsat, elle a affirmé que le changement est «inéluctable». En poursuivant sa politique de la terre brûlée contre son peuple, Bachar Al Assad est peut-être en train de creuser sa propre tombe. Le ton chez certains responsables occidentaux n'est pas aux appels au calme. Bachar Al Assad a désormais rejoint son compère libyen El Gueddafi dans la rubrique des dictateurs «wanted» par les Etats-Unis. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a décliné hier la nouvelle feuille de route pour la Syrie. Elle a en effet jugé «inéluctable» le changement en Syrie. Et de changement, Clinton ne fait pas illusion aux rafistolages de régimes comme elle a certifié aux potentats amis du Bahreïn et du Yémen. Al Assad que les Etats-Unis ont supporté depuis plusieurs mois, malgré la boucherie qui l'a commise, ne fait désormais plus partie des calculs américains. «La brutalité du régime pourrait permettre à M. Assad de repousser le changement en cours en Syrie, mais pas de l'inverser», écrit Mme Clinton dans une tribune publiée par le quotidien arabe Asharq Al Awsat. Et de préciser sentencieuse qu'«il n'y a pas de marche arrière possible». Sortie de la bouche de la femme la plus puissante du monde, cette phrase a sans doute sonné le glas de la dynastie Al Assad. Il s'agira maintenant pour les Etats-Unis de réunir les formes et ratisser plus de soutiens pour formaliser la mise en accusation du régime «voyou» d'Al Assad sous les auspices des Nations unies. Et pour ce faire, Mme Clinton a donné hier un coup de fil à son homologue russe Serguei Lavrov, l'unique soutien d'Al Assad avec la Chine – pour le prier de revenir à de meilleurs sentiments – dans le mauvais sens pour le régime syrien – en lâchant le poulain de Damas. La question qui se pose est de savoir si Moscou et Pékin, derniers parapluies des dictateurs arabes, vont céder à la pression internationale face aux bains de sang commis quotidiennement. Pas de marche arrière Parallèlement à ce lobbying diplomatiques entrepris publiquement, deux hauts responsables américains ont annoncé, hier, sous le couvert de l'anonymat que les Etats-Unis cherchaient à faire poursuivre les responsables syriens pour «crimes de guerre». Des chefs d'inculpation qui enverraient Al Assad et ses sbires tout droit à la Cour pénale internationale pour répondre de leurs massacres. C'est du reste le même processus engagé contre El Gueddafi qui résiste encore malgré le déluge de feu qui s'abat sur sa citadelle pour l'heure imprenable. Son alter ego de Damas, Bachar Al Assad applique la même recette faite de terreur aveugle pour sauver son trône chancelant. Au fil des semaines, il a réduit à zéro son espoir de survivre à la colère de son peuple. Hier encore, son armée appuyée par des chars a étendu ses opérations dans le Nord-Ouest syrien, proche de la Turquie, avec l'objectif d'étouffer toute contestation du régime, la Grande-Bretagne appelant ses ressortissants à quitter immédiatement la Syrie de crainte d'une escalade. Pendant ce temps, des dizaines de milliers de Syriens enterraient leurs morts au lendemain de la répression d'imposantes manifestations à travers le pays durant lesquelles 19 civils ont péri, selon les Comités locaux de coordination, une ONG syrienne qui chapeaute les militants organisant les manifestations. L'ONG a fourni une liste nominative de 12 et dit s'enquérir des noms des autres victimes.