Dans le cadre d'une campagne nationale et internationale pour présenter «la charte pour la vérité, la paix et la justice», une délégation de la Coalition d'associations de victimes des années 1990 s'est rendue les 7 et 8 juin derniers à Genève, à la 17e session ordinaire du Conseil des droits de l'homme. Cette charte, adoptée en mai dernier par la Coalition, est présentée comme une alternative à la charte portant paix et réconciliation nationale. Reçue par les assistants des rapporteurs spéciaux de l'ONU – liberté d'expression, liberté d'association, violences faites aux femmes, droit au logement, promotion et la protection des droits de l'homme dans le cadre de la lutte antiterroriste, et torture – ainsi que des représentants des Etats, la délégation de la Coalition a noté, dans une déclaration rendue publique hier, que ses interlocuteurs, «particulièrement attentifs au discours sur les violations des droits de l'homme en Algérie, se sont déclarés prêts à prendre des mesures de rappel à l'ordre à l'attention des autorités algériennes». La déclaration de la Coalition souligne que le texte de la charte pour la vérité, la paix et la justice «fondé sur la lutte contre l'impunité et la défense universelle des droits de l'homme, quelles que soient les victimes et quels que soient les auteurs des violations, concerne, au-delà des victimes des années 1990, la garantie des droits de l'ensemble des citoyennes et citoyens algériens», alors que la charte sur la réconciliation nationale «est l'accord scellé entre les deux belligérants du conflit des années 1990 qui a permis le maintien en place du régime actuel au prix du respect des droits et libertés des victimes et de tous les citoyens algériens». Il est aussi précisé dans la même déclaration que «le Comité des droits de l'homme ou le Comité contre la torture ont à maintes reprises reconnu que les dispositions de ces textes sont incompatibles avec les conventions internationales ratifiées par l'Algérie. Pourtant le statu quo demeure». Notant avoir trouvé une bonne écoute auprès des rapporteurs spéciaux de l'ONU, la Coalition souligne que si «plusieurs rapporteurs spéciaux sont invités à visiter l'Algérie, les rapporteurs spéciaux sur la torture et sur la promotion et la protection des droits de l'homme dans le cadre de la lutte antiterroriste demandent, quant à eux, à être invités depuis plusieurs années, sans succès à ce jour, tout comme le groupe de travail sur les disparitions forcées et involontaires». La Coalition a par ailleurs défendu «l'importance de la présence des défenseurs des droits de l'homme algériens à Bruxelles et à Genève» pour montrer l'ampleur des violations des droits de l'homme. La campagne pour la charte pour la vérité, la paix et la justice se poursuivra aux niveaux national et international, auprès du large public ainsi qu'auprès des instances de promotion et de protection des droits humains.