Jean-François Copé, le secrétaire général de l'Union pour un mouvement populaire (UMP), parti de droite actuellement au pouvoir en France, a exprimé, hier à Alger, son souhait de voir s'ouvrir entre l'Algérie et la France «une nouvelle page de développement partagé». «Je rêve que l'on ouvre, aujourd'hui, avec votre pays, une nouvelle page de développement partagé. Du point de vue politique, il n'y a pas de doute. Mais aussi du point de vue économique, commercial et touristique (…). Nos deux populations sont tellement liées qu'il n'y a que des choses positives à faire ressortir», a soutenu M. Copé durant une conférence-débat animée à l'Ecole nationale supérieure des sciences politiques (ENSSP) intitulée «Les valeurs de la République française dans la mondialisation». Soulignant la nécessité de jeter les bases d'une nouvelle gouvernance mondiale et de se pencher sur le devenir du G8 et du G20 – qu'il a qualifiés au passage de structures «informelles» – le secrétaire général de l'UMP s'est dit également favorable à l'instauration d'un échange entre les deux pays sur les grandes questions agitant le monde : «Je souhaite qu'on puisse avoir avec vous un échange sur ces sujets. Parmi les perspectives et les choix stratégiques que nous avons à faire les uns et les autres, la France (…) est confrontée à un défi qui consiste à la fois à développer la capacité de construire de nouveaux partenariats et de consolider les partenariats existants en respectant nos valeurs et en apprenant celles des autres», a-t-il expliqué. Et dans le cas particulier de l'Algérie et de la France, Jean-François Copé a indiqué que «l'un des défis auxquels nous sommes confrontés et sur lesquels nous avons besoin de vous, c'est d'échanger et de partager la connaissance, y mettre du respect et d'imaginer comment des populations, qui ont vécu tant de choses ensemble, peuvent construire demain un chemin de générosité et de prospérité». Le conférencier – qui s'est employé tout au long de sa conférence à expliquer ce que devaient être aujourd'hui les valeurs de la France tout en insistant sur le sens donné par son parti à la notion de pacte républicain – n'a pas manqué de rappeler ses positions concernant un certain nombre de sujets qui prêtent actuellement à polémique en France tels que, par exemple, ceux liés à l'immigration, à la binationalité et à la place de l'Islam. Le secrétaire général de l'UMP a tenu à préciser qu'«il n'y a pas, de la part de la France, une opposition complète à cette question de l'immigration». «La France doit avoir une politique lucide et réaliste sur ses capacités d'accueillir des immigrés. Seulement, nous devons juste l'adapter à nos capacités d'accueil», a-t-il souligné. Au sujet des propositions exprimées en France pour la suppression de la «binationalité», Jean-François Copé s'est en revanche déclaré «opposé» à cette idée. Néanmoins, il a révélé qu'il n'était pas du tout favorable au droit de vote pour les étrangers. S'agissant maintenant du débat très controversé sur la laïcité et la place de l'Islam en France qu'il a lui même organisé en avril, M. Copé a précisé que le concept de laïcité est un principe fondateur de la République française qui s'applique à tous les Français, croyants ou non croyants, et qu'il n'est pas dirigé contre les Français musulmans. Pourquoi l'UMP s'est-il alors approprié de thèmes du style de ceux qu'affectionne particulièrement le Front national (parti français d'extrême droite) ? M. Copé répondra que cela est fait justement pour éviter que le FN ne les utilise pour accentuer les peurs des Français et nourrir les amalgames. A mentionner que le SG de l'UMP est arrivé dimanche après-midi à Alger pour une visite de travail de deux jours, à l'invitation M. Harraoubia, ministre de l'Enseignement supérieur. Souvent présenté par les médias français comme l'un des possibles candidats de la droite à la présidentielle française de 2017, M. Copé a rencontré hier les plus hautes autorités de l'Etat algérien parmi lesquelles le président de la République, le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères. Aîné d'une famille de trois enfants, Jean-François Copé est, rappelle-t-on, le fils de Monique Ghanassia, originaire d'Algérie (Miliana) et du professeur Roland Copé, chirurgien gastroentérologue proctologue d'origine juive roumaine.