La compagnie a accepté, jeudi dernier, de négocier le point relatif à la reclassification des stewards et des hôtesses de l'air en tant que personnel navigant au lieu de celui au sol. Un délai de dix jours lui a été accordé pour trouver une solution à cette question, que le syndicat refuse d'abandonner… Le reclassement des stewards et des hôtesses d'Air Algérie dans la catégorie du personnel navigant (PN) n'a toujours pas été décidé par la direction générale de la compagnie. La rencontre de jeudi dernier entre les représentants d'Air Algérie et le Syndicat autonome du personnel navigant commercial (SNPCA) n'a pas tranché définitivement cette question, devenue la pomme de discorde entre les deux parties. Pour l'instant, sur les quatre points composant la plateforme de revendications du SNPCA, à savoir l'amélioration des conditions socioprofessionnelles, le respect de l'accord collectif sur le régime de travail, le reclassement des stewards et des hôtesses dans la catégorie du personnel navigant et enfin la création d'une direction propre au PN au sein de la compagnie. Sur les quatre points, seul celui lié à la reclassification semble bloquer les négociations. D'un côté, un syndicat qui ne veut pas reculer sur la question et d'un autre une administration intransigeante. Néanmoins, lors de la réunion de jeudi dernier entre les représentants des deux parties, en présence d'un expert financier n'appartenant pas à la compagnie, la porte du dialogue n'a toutefois pas été fermée. Selon le secrétaire général du SNPCA, Yacine Hamamouche, «l'employeur a accepté de prendre en charge les trois points, sauf celui relatif à la remise à niveau, pour lequel la compagnie a demandé un délai de réflexion. Une date butoir au 31 juillet prochain lui a été impartie». S'exprimant juste après la réunion, le syndicaliste s'est déclaré «confiant», contrairement à la veille, après la déclaration du PDG de la compagnie, M. Boultif, faisant état de l'impossibilité de toute autre augmentation en dehors des 20% accordés à tous les employés. «Nous avons demandé des explications aux représentants de l'administration, en précisant que si les négociations sont fermées, il n'y a pas lieu de les entamer. Ils nous ont assuré qu'ils avaient carte blanche de la part des responsables et qu'un compromis était inévitable. Nous avons ouvert la séance, avant de valider le règlement intérieur de la commission qui doit se réunir trois fois par semaine. Le point lié à l'obligation de réserve, c'est-à-dire les déclarations à la presse, a été annulé devant notre refus de l'avaliser. Abordant le volet de la reclassification des stewards et des hôtesses à la catégorie du PN, les représentants de l'administration ont demandé un délai, en attendant la fin de l'expertise financière devant statuer sur la situation de la trésorerie de la compagnie. Nous avons estimé avoir trop attendu. Nous avons dit que la réponse ne doit pas dépasser le 31 juillet prochain. La délégation a accepté. Ce que nous jugeons assez important. Cela veut dire que les portes de la négociation ne sont pas fermées, et qu'un compromis va être trouvé. Nous sommes optimistes quand à la suite des événements.» M. Hamamouche insiste beaucoup sur la revalorisation, en déclarant qu'il y a «un malentendu délibéré pour induire en erreur l'opinion publique et les autorités». Il précise : «Il n'est plus question d'être navigant au même titre que les pilotes et les mécaniciens de bord, et être payés sur la base d'un référent du PS (personnel au sol). La hiérarchisation des salaires doit se faire selon les ratios internationaux. Dans toutes les compagnies, les hôtesses et les stewards sont à la catégorie du PN. Normal, ils sont à bord de l'avion au même titre que les pilotes et les mécaniciens de bord. Il faut rétablir l'erreur commise en 1999, en faisant basculer le corps vers le PS. Nous voulons revenir à une catégorie plus juste, qui va nous permettre de remettre à niveau nos salaires de base. Ce qui est pour nous que justice.» Pour ce qui est du point relatif à la création d'une direction propre au PN, M. Hamamouche déclare : «Toutes les compagnies dignes de ce nom adoptent ce système qui reste une référence.» Il rappelle que «les responsabilités des stewards et des hôtesses de l'air devant le commandant de bord, lors d'une mission, n'ont jamais été remises en cause. Elles sont indéniables et indiscutables». En tout état de cause, le secrétaire général du SNPCA se déclare serein quant à l'avenir des négociations, tout en restant vigilant. «Nous avons une date butoir, qui est le 31 juillet, si d'ici là rien n'est fait, nous prendrons les mesures qu'il faut», conclut le syndicaliste, avant de rappeler qu'une réunion entre les deux parties est prévue demain, suivie d'une autre mardi, puis jeudi. En tout cas, beaucoup ne croient pas que l'employeur puisse accéder aux exigences du syndicat, dans la mesure où le basculement du PS au PN, risque de coûter très cher à la compagnie. Ce qui explique, précisent nos interlocuteurs, les nombreuses réunions qui n'ont pour objectif que de faire reculer les syndicalistes de leur revendication, en jouant sur le temps et la lassitude. Espérons que cette politique ne mènera pas à une autre grève aussi coûteuse que la première, et dont la facture sera payée par le contribuable…