Pas de pénurie pendant deux étés», a déclaré récemment le ministre des ressources en eau. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, il n'y a pas pénurie, il y a sécheresse. Les agences ADE sont fermées à tour de bras par des villageois qui n'en peuvent plus de subir les coupures prolongées de l'alimentation en eau potable. Il est clair que les déclarations des officiels sont le contraire de la vérité et que nous sommes devant une véritable faillite en matière de gestion de l'eau potable, dont on ressasse qu'elle est disponible outre mesure. Les barrages hydrauliques sont remplis et les villageois souffrent de la soif. Il est parfaitement incongru, par ailleurs, de vanter le remplissage des barrages puisque cela dépend uniquement de la pluviométrie. Au lieu de se gargariser de satisfécits, en déphasage total avec le vécu des citoyens, il conviendrait d'envoyer de vraies commissions d'enquête pour élucider cette incroyable crise d'eau potable qui frappe la quasi-totalité des localités rurales de la région. Les villageois sont restés longtemps suspendus à la promesse d'un règlement «définitif» du problème du manque d'eau qui devait dépendre de la mise en service des infrastructures hydrauliques. Il n'en sera rien. L'inauguration du transfert des eaux du barrage de Taksebt vers la partie est de la wilaya de Tizi Ouzou a eu lieu en juillet 2007, celui du barrage de Koudiat Acerdoune vers les dairas du sud de la wilaya en novembre 2010. La sécheresse des robinets sévissant toujours, il est à présent demandé d'attendre la réfection des réseaux de distribution pour un vrai règlement définitif de la crise de l'eau. Parce que l'Etat a oublié depuis vingt ans d'engager les chantiers de rénovation des conduites d'eau, on se retrouve aujourd'hui avec des barrages au maximum de leur réserve et des communes entières sans eau, des agences ADE fermées par les citoyens et des responsables du secteur aux abonnées absents. Tout le monde sait, à part l'Etat, que l'eau est une denrée vitale. Les programmes de protection de la santé publique sont annihilés par cette sécheresse organisée dans les villages. Aucune autorité sanitaire ou politique ne s'inquiétera des retombées de la raréfaction de l'eau dans les foyers sur la santé des citoyens. Il y a plus de cynisme que de sensibilisation dans les messages diffusés à propos de la nécessité de «rincer à grande eau» les denrées alimentaires avant leur consommation.