Journalistes algériens, 1988-1998. Chronique des années d'espoir et de terreur, le dernier ouvrage de Lazhari Labter, a suscité l'étonnement, l'inquiétude et même la colère de certaines familles de journalistes assassinés durant la décennie noire. L'Association nationale des familles de journalistes assassinés par le terrorisme (ANFAJAT) a même émis une déclaration pour souligner la présence d'erreurs, d'inexactitudes et de contrevérités. L'auteur, contacté par nos soins, commence par expliquer sa démarche : « Je ne suis pas un historien. Cet ouvrage est un travail de témoignage, une chronique, c'est-à-dire relater au jour le jour des faits survenus, en l'occurrence entre 1988 et 1998 ». « Je ne prétends pas à l'exhaustivité ni à la justesse de tout ce qui a été écrit, je n'en détiens pas la vérité, mais j'assume entièrement le contenu de ce livre », ajoute son auteur. En d'autres termes, Lazhari Labter refuse de se substituer au travail de l'historien, son objectif étant de faire un « travail de mémoire et pour la mémoire », face aux « tentatives d'amnésie », et sous forme d'un recensement basé sur des articles de la presse nationale. L'auteur renvoie, d'ailleurs, les lecteurs à la fin de l'ouvrage, en page 234 où il prie « toute personne (journalistes, membres de familles de journalistes victimes du terrorisme) en possession d'informations précises sur les conditions d'assassinat de journalistes et travailleurs des médias de bien vouloir les lui communiquer en vue d'une réédition revue et augmentée ». Réédition ainsi qu'une traduction vers l'arabe qui est en cours de réalisation. Les erreurs et inexactitudes seront, donc, revues et corrigées dans une « presque » nouvelle version de l'ouvrage, où les modifications seront mentionnées et expliquées, selon les dires de Lazhari Labter. Ce dernier précise que ce livre n'est que le complément de Journalistes algériens, entre le bâillon et la balle (édition l'Harmattan), paru en France en 1995, alors que le nombre de journalistes assassinés par les terroristes s'élevait à 27. « Il était de mon devoir de poursuivre ce travail, puisque 78 autres journalistes et travailleurs des médias ont été encore assassinés », éclaircit l'auteur qui, encore une fois, tient à préciser : « Ce n'est qu'un travail de reconstitution dans un ordre précis, fait à la base par mes confrères journalistes qui accomplissaient leur travail dans des conditions très difficiles ».