Principal soutien du président Bachar al-Assad, la Russie envoie demain, lundi, à Damas un émissaire, vraisemblablement le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov qui s'est déjà entretenu de la situation en Syrie avec l'ambassadeur syrien à Moscou, a indiqué l'ambassadeur de Russie, Vitali Tchourkine cité par l'agence Itar-Tass. La Russie a engagé un bras de fer avec les Occidentaux vendredi au Conseil de sécurité de l'ONU, en présentant un projet de résolution sur la Syrie, éliminant les sanctions contre Damas prévues dans un projet concurrent des Européens. Moscou, qui se contente d'appeler le président Bachar al-Assad à accélérer les réformes, a laissé entendre qu'elle pourrait opposer son veto à toute résolution de sanctions qui serait mise au vote. Le projet européen, présenté par la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et le Portugal et soutenu par les Etats-Unis, appelle à un gel des avoirs financiers du président Bachar al-Assad et de son entourage et à un embargo sur les armes. Autre allié traditionnel de la Syrie, l'Iran a appelé hier Damas à répondre aux revendications du peuple. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, a estimé pour sa part que le gouvernement syrien doit répondre aux «revendications légitimes de son peuple», tout en mettant en garde contre un «vide politique» en cas de chute du président Bachar al-Assad. Le président Mahmoud Ahmadinejad avait déjà appelé mercredi le gouvernement syrien à trouver avec ses opposants «une solution, loin de la violence» qui «sert les intérêts des sionistes». Sur le terrain, la répression n'a pas baissé d'un cran. Hier, deux manifestants ont été tués à Damas et à Kafar Nabel, dans le nord-ouest de la Syrie lors de manifestations qui ont suivi les prières. A Kafar Sousseh, un quartier de l'ouest de Damas, un manifestant a été tué et 10 autres ont été blessés lorsque les forces de sécurité ont dispersé à coups de gourdin un rassemblement à la sortie de la mosquée al-Rifaï, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Parmi les blessés figurent l'imam de la mosquée, Oussama al-Rifaï, a-t-on précisé de même source. Des manifestations ont également eu lieu a Rouken El-Dine, un quartier du nord de Damas, à Zabadani, à 45 km au nord-ouest de la capitale, et dans plusieurs localités de la banlieue, selon l'OSDH et la LCC. Par ailleurs, vendredi, au total, onze civils sont morts, selon les militants. Sept manifestants ont été tués, dont trois à Deir Ezzor (est), un à Nawa dans le sud, un garçon de 16 ans à Idleb (nord-ouest), un à Qousseir (centre) et un à Houriyeh près de Deir Ezzor, selon l'OSDH. Un homme a perdu la vie à Homs (centre) après avoir été blessé le 17 juillet, deux sont morts lors de perquisitions à Lattaquié (ouest) et à Jabal Zawya (nord), et un détenu de 56 ans est mort en détention à Maaret Al-Nomane, à 250 km au nord de Damas, mais son corps n'a pas été rendu à la famille. La communauté internationale peut-elle intervenir en Syrie comme elle vient de la faire en Libye pour arrêter le bain de sang. Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a indiqué vendredi que son pays était «à la pointe de la mobilisation internationale pour faire pression sur le régime par des sanctions politiques et financières». Il a cependant concédé que «l'intervention militaire n'est évidemment pas envisageable aujourd'hui, car il faut tenir compte de la situation régionale et internationale du dossier syrien». «La première différence, c'est qu'il n'y a pas de mandat international», a-t-il expliqué. «Nous n'allons pas, sous notre propre responsabilité, nous lancer dans une opération militaire. La Russie, mais aussi la Chine, le Brésil ou l'Inde s'y opposent», s'est-il exclamé.