Evoquer les mutations que connaît le marché du travail en Algérie revient d'abord à évoquer la situation de précarité dans laquelle évoluent les travailleurs algériens, tant en termes de stabilité de l'emploi qu'en matière de salaires. » C'est en ces termes que le représentant de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), M. Belarbi, a tenté de mettre en évidence, hier à l'occasion d'une conférence-débat au Forum El Moudjahid, la réalité du marché de travail en Algérie. En dépit du recul du taux de chômage, explique le représentant de la centrale syndicale, « le monde du travail en Algérie évolue actuellement sous le signe de la précarité sociale, alors que le ratio de la masse salariale par rapport au produit intérieur brut (PIB) se situe à peine à 28 %». « La précarité sociale, a-t-il tenu à préciser, se traduit par une absence constatée chez les travailleurs de toute projection dans l'avenir. » Interpellé à ce propos, le directeur de l'emploi au ministère de l'Emploi, M. Anane, s'est contenté de souligner pour sa part que la taux de chômage connaît actuellement une nette tendance à la baisse et que cette évolution est avant tout le fruit d'un retour à la croissance économique. Se référant aux données de l'Office national des statistiques (ONS), il rappellera ainsi que le taux de chômage en Algérie est passé de 23,7 % en 2003 à 17,7 % en 2004 et à 15,5 % en 2005. « La population active, a-t-il indiqué, est évaluée actuellement à quelque 9,5 millions, tandis que le stock de chômeurs se situe à près de 1,5 million. » S'agissant du chômage des diplômés, il affirmera que le nombre de chômeurs cumulé depuis 1999 est de 430 000. En moyenne, a-t-il ajouté, « quelque 50 000 nouveaux demandeurs universitaires et techniciens supérieurs arrivent chaque année sur le marché du travail ». Mettant ainsi en avant l'évolution de la situation du marché de l'emploi en Algérie, M. Anane soutiendra en définitive que le monde du travail en Algérie a connu des mutations favorables durant ces dernières années. Ces mutations, a-t-il précisé, sont perceptibles à travers une progression notable de l'emploi féminin (23 % de la population active), une mobilité géographique et sectorielle des travailleurs et une participation à la productivité de la main-d'œuvre étrangère. Au demeurant, a-t-il souligné, « le secteur privé est devenu le premier créateur d'emplois en Algérie ». Abordant pour sa part la problématique de la régulation du marché de l'emploi, le représentant de la commission du développement humain au niveau du Conseil national économique et social (CNES) soulignera qu'il est nécessaire « d'œuvrer pour lever les rigidités qui caractérisent actuellement le marché du travail, notamment celles qui touchent aux relations et aux contrats de travail ». En ce sens, a-t-il estimé, « la flexibilité de l'emploi ne doit pas être envisagée comme un simple principe qui permet à l'entreprise de licencier quand elle veut, mais doit également prendre en considération l'intérêt de l'employé ». Dans ce même ordre d'idées, le représentant du Bureau international du travail (BIT) à Alger, Belhadj Hassine, relèvera que le principe de la flexibilité de l'emploi doit nécessairement être réglementé et négocié en fonction de chaque secteur et de la nature de l'activité de chaque entreprise.