Maâmar Addad, ingénieur de formation, a présidé aux destinées de l'agence régionale de l'aménagement du territoire (ANAT) depuis le séisme de 1980 jusqu'à ces dernières années. Il est donc mieux habilité à nous parler des différentes phases d'aménagement et de reconstruction des zones sinistrées. -Comment évaluez-vous les étapes de la reconstruction de la ville de Chlef ? Permettez-moi tout d'abord de rappeler qu'au lendemain du séisme de 1980, les autorités de l'époque avaient enclenché plusieurs actions parallèles, compte tenu des dégâts humains et matériels qu'a subis la ville. Il s'agit, entre autres, du recasement dans les tentes, du relogement dans les chalets préfabriqués sur les hauteurs Sud de la ville et des réflexions sur le futur de cette agglomération.Il faut dire que les études engagées, les séminaires organisés à l'occasion de chaque anniversaire douloureux, ont permis aux décideurs et techniciens de tirer des enseignements sur la prise en charge du risque sismique dans tout acte de construction ou d'aménagement des zones d'habitat exposées, comme pour le cas de la ville de Chlef ou les autres régions exposées à ce risque imprévisible et ravageur. -Justement, qu'a-t-on fait ? L'étape de reconstruction durable ne peut s'évaluer qu'à très long terme en prenant comme référence les études de micro zonation sismique qui ont abouti à un règlement parasismique, chaque fois amélioré par le CTC, ainsi que les études d'urbanisme (PDAU) qui ont abouti à des recommandations sur l'utilisation des sols urbains, notamment l'inscription dans les nouvelles dispositions relatives à l'aménagement et au développement durable ainsi que les mesures de prévention des risques majeurs consacrés dans la loi 04-05 d'août 2004. Néanmoins, les changements qu'a connus le pays ces dernières années sur les plans politique, économique et social, n'ont pas facilité la réalisation des programmes dans les temps planifiés. À cela est venue s'ajouter la difficulté d'acquisition des terrains choisis pour ces programmes, ce qui a remis en question la stratégie dessinée dans les études. Mais fort heureusement, la révision des instruments d'urbanisme a permis une panification spatiale intégrant tous les terrains existants à l'intérieur du périmètre urbain pour la prise en charge des besoins cumulés depuis de longues années.La nouveauté réside dans les deux sites de Chorfa et Lalla Aouda qui absorberont une proportion élevée des programmes de développement. Donc, la question d'évaluation demeure assez complexe compte tenu des aléas et contraintes rencontrés durant ces trois décennies. -Pensez- vous que les instruments d'urbanisme ont été respectés ? J'ai répondu à cette question en rappelant les contraintes auxquelles ont fait face les autorités, en termes d'acquisition des terrains de par la procédure difficile d'expropriation des terrains privés. Il n'empêche que de grands travaux voient le jour à l'image des voies d'évitement Est et Nord qui préparent les infrastructures de base pour la ville de Chlef dont le rôle futur de métropole d'équilibre se précise. Les instruments d'urbanisme demeurent des plateformes de concertation et d'exécution, mais leur application rigoureuse dépend de l'efficacité de coordination permanente entre l'ensemble des acteurs concernés par le développement de la ville de Chlef. Quant au terme de reconstruction, il semble inapproprié actuellement au vu des grands chantiers en cours. -Que devient l'option de l'extension Sud de la ville ? L'étude de révision du PDAU a bien élucidé cette question en proposant les terrains à proximité du site El Moussalaha où les réserves foncières urbanisables ont été estimés à plus de 200 hectares pouvant répondre aux besoins exprimés à moyen et long terme.Cette option se justifie davantage par le passage de l'autoroute et la jonction avec la voie d'évitement Est pour peu que le mitage constaté soit freiné comme on peut le voir aujourd'hui.