A l'initiative de la Bibliothèque nationale d'Algérie (BN), le Centre culturel français, la galerie Art et liberté et la BN (Alger) abritent depuis mercredi dernier une exposition de peinture de l'artiste peintre Mustapha Boutadjine. Elle durera jusqu'au 10 février prochain. L'exposition présente au public 44 portraits d'hommes et de femmes algériens et étrangers ayant marqué l'histoire de par leur lutte, art ou engagement pour des causes justes. On retrouve des portraits entre autres de Abane Ramdhane, Djamila Bouhired, Henri Alleg, Maurice Audin, Ali Amar dit Ali la Pointe, Fernand Iveton, Maurice Laban, Frantz Fanon, Henri Maillot, Raymond Peschard, Kateb Yacine et Dahmane El Harrachi, qui ressuscitent une partie de la mémoire collective algérienne. Et cela, aux côtés d'autres figures engagées dans la lutte pour les droits civiques de la communauté noire aux Etats-Unis, la libération des peuples du joug colonial et l'éradication du système apartheid. Et d'artistes et sportifs dont nombreux parmi eux se sont engagés pour le triomphe de ces valeurs de liberté et de progrès. D'où le titre de l'exposition « Blacks et Partisans ». « Blacks, cela traduit ces militants noirs qui luttent pour la liberté, et partisans fait référence à ces hommes et femmes qui se sont battus pour l'indépendance de l'Algérie », explique Mustapha Boutadjine, rencontré sur les lieux à cette occasion. « J'ai choisi le portrait, ajoute-t-il, car il comporte une dimension emblématique et iconographique. Les yeux parlent et le regard crée de l'émotion. Choses qu'on ne peut pas mettre en relief avec la composition d'une scène. » Il y a aussi un souci pédagogique quant au choix du portrait. En effet, relève le même interlocuteur, « beaucoup de gens ne connaissent pas ces figures. Cette exposition permet de les faire découvrir au public ». Sont présentés aussi au public les portraits de Nelson Mandela, Stive Biko et Dulcie September, militants anti-apartheid. Dulci September, représentante de l'ANC à Paris où elle a été assassinée le 29 mars 1988. Les figures de la lutte contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis sont aussi mises en relief, à l'exemple de Martin Luther King, Malcolm Luther King, Malcolm X, Angela Davis et Eldrige Cleaver. Ils côtoient les portraits de Mohamed Ali qui a refusé de s'engager au Vietnam, car « aucun vietcong ne m'a jamais traité de sale nègre », de Tonnie Smith, médaillé d'or du 200 m aux Jeux olympiques de Mexico (1968) et qui, sur le podium au moment où est entonné l'hymne national des Etats-Unis, tend une main gantée de noir, point fermé, vers le ciel. C'était l'année où Luther King est assassiné et la lutte des Noirs pour leurs droits est à son paroxysme. Jimi Hendrix, Bob Marley, Tracy Chapman, James Baldurin, Césaria Evora, Patrice Lumumba, Myriam Makeba rappellent chacun à sa manière une des vicissitudes de l'histoire dans un monde où l'iniquité et la répression ne sont que viatique entretenu par les chantres autoproclamés des droits de l'homme.