Suite à une embrouille diplomatique, l'exposition du grand peintre mexicain, Diego Rivera, est allée de Paris à New York. Adieu l'Année du Mexique en France... L'exposition qui a commencé au MOMA (Museum of modern art) de New York reprend essentiellement celle de 1931 consacrée au même artiste. Il y a 80 ans !Quelques informations sur ce peintre de génie, qui faisait sensation là où il passait avec ses «muros», ses portraits, ses esclandres... En 1931, deux ans après le grand krach de Wall Street, les tableaux de Diego Rivera, exposés à New York, reflétaient déjà le monde social américain en ébullition. «Frozen Arts», l'un de ses tableaux new-yorkais, présente trois bandes nettes et expressives : en haut, des gratte-ciel, au milieu, les dortoirs des ouvriers, en bas, des coffres-forts de banques. Aujourd'hui, le contexte social américain est aussi brûlant (voir le reportage de K. Smaïl, El Watan du 20 novembre 2011). Ce même reportage coïncide avec les propos de Glenn Lowry, directeur du MOMA, qui a déclaré lors de l'inauguration de l'exposition de Diego Rivera : «Je ne vois pas de meilleure métaphore des mouvements, comme ‘‘Occupy Wall Street'', que les clivages sociaux tels qu'ils apparaissent dans l'œuvre de Diego Rivera». Diego Rivera est le peintre le plus célèbre du Mexique. Le génie national, la figure de proue de l'art mexicain. Son originalité tient, aujourd'hui encore, à deux choses : tout d'abord à la dimension monumentale de ses fresques. Diego Rivera a mis au goût du jour les «muros», ces immenses superficies peintes avec une multitude de personnages et de thèmes. Diego Rivera a peint à Mexico ses «muros» au Palais présidentiel, au Palais des arts, dans les grandes écoles, dans des ministères ; ensuite, c'est que Diego Rivera a cherché à faire une peinture typiquement mexicaine qui prend ses racines dans l'histoire précolombienne du pays. L'artiste parcourait son pays de long en large, il avait une connaisance profonde du Mexique. Les trains de nuit, il en connaissait tous les horaires. Dans ses fresques, il a voulu raconter l'histoire du Mexique, les coutumes, la vie quotidienne, les gestes, les tenues, la diversité des visages mexicains. Il a voulu réhabiliter le peuple indien, puisque ses fresques monumentales plongent leurs racines dans l'art aztèque précolombien. Par exemple, en peignant tous les gestes du travail des champs, couper la canne à sucre, planter le maïs, faire les énormes bouquets de fleurs blanches, les arums. Diego Rivera a peint aussi les scènes de divertissement dans le magnifique tableau «Rêve d'un dimanche après-midi au parc Alaméda» . Diego Rivera a été le peintre de la révolution mexicaine de Zapata (1911). Un grand tableau, qui date de 1931, montre Zapata sur son cheval blanc, le héros de la révolution agraire. Diego Rivera est né en 1886 à Guarajuanto, ancienne ville de mines d'or et d'argent. Une très belle cité baroque classée aujourd'hui au patrimoine de l'Unesco. En 1907, il voyage en Espagne et en France et rencontre Modigliani et les grands peintres de Montparnasse à Paris. Pendant dix ans, après son retour au Mexique en 1920, il participe à la renaissance mexicaine comme grande figure artistique. Dans les années 1930-1940, il fait plusieurs voyages aux Etats-Unis, notamment à San Francisco, Detroit, New York. Rockefeller lui commande une fresque en 1933 pour son fameux Rockefeller Center. Rivera y peint une fresque immense intitulée «Man at the crossroads», avec une mutitude de personnages au milieu desquels apparaît le visage de Lénine. Enorme scandale ! Rockefeller ordonne la destruction de l'œuvre. Car, non seulement on y voyait Lénine, mais aussi un grand rassemblement de travailleurs brandissant des drapeaux rouges, à l'occasion de la fête du 1er Mai. Rivera propose d'y ajouter Lincoln, mais le milliardaire refuse. Avec son argent, Diego Rivera peint «Portrait of America» au New Yorkers School (New York City) avec des têtes de héros symbolisant l'histoire des Etats- Unis : Benjamin Franklin, Thomas Paine, Emerson, Thoreau, Walt Whitman et John Brown. Diego Rivera a collaboré avec Sergei Eisenstein pour le film Que Viva Mexico, produit par l'Américain Upton Sinclair. Rivera, par la suite, fait plusieurs voyages en URSS. Son tableau de 1956 «Défilé du 1er Mai» célèbre le 50e anniversaire de la révolution russe. Il a épousé Frida Kahlo, peintre très connue, en 1929. Frida a été sa compagne pendant 30 ans. En 1987, pour le 25e anniversaire de l'indépendance, Paul Leduc, cinéaste mexicain, était venu à Alger présenter son film sur Frida Kahlo. Un deuxième film intitulé Frida, réalisé par l'Américaine Julie Taymor en 2002, avait été interprété par Salma Hayek dans le rôle de Frida Kahlo, et Alfredo Molina dans celui de Diego Rivera.