Malgré son jeune âge, 36 ans, il est l'un des rares grands spécialistes de la gastronomie en Algérie. Slimane Saâdoune qui a fait goûter ses mets au président Bouteflika, au chef du gouvernement Ahmed Ouyahia et aux ministres Minmoun, Temmar ou encore à Sellal est toujours égal à lui-même. Sous d'autres cieux, son nom aurait été inscrit sur le guide étoilé de la critique gastronomique. Ça mijote toujours dans sa tête et dans sa poêle. Eternel insatisfait, il affine et peaufine infatigablement ses plats, souvent convertis depuis des spécialités françaises, faites de viande de porc et l'alcool, en gourmandises hallal, sans pour autant en altérer la saveur. Slimane innove et fait savourer ses créations à une clientèle non moins gourmet. Il a de qui tenir quand on sait que la gastronomie est une affaire de famille chez les Saâdoune. Son père Bélaïd était chef cuisinier à l'hôtel restaurant Suresnes Mont Valerien (Haute-seine) où il avait fait découvrir à son fils les secrets des vieilles marmites. A cette époque, Slimane n'avait que 14 ans et, déjà, il commençait à domestiquer les ustensiles. Rentré en Algérie, il avait réussi en 1997 à décrocher avec mérite le diplôme BTS de l'Institut des techniques hôtelières de Boussaâda, option gastronomie. A l'Hôtel Sabri de Annaba où il a déposé ses valises, après avoir roulé sa bosse à travers les plus grands restaurants d'Alger, Tizi Ouzou et Annaba, tous classés entre trois et quatre étoiles, Le petit « Vatel » fait des émules. Ses plats au menu ou à la carte qu'il éprouve du plaisir à confectionner ou à créer, font des adeptes tels que ceux qui y goûtent «s'y addictent». Tant de fins gourmets connaissent le lieu et l'homme à sa démarche décidée, au regard expressif, au geste à l'étiquette, et toujours coiffé du bonnet blanc du chef. Du haut de ses 36 printemps, Slimane est le grand chef de l'Hôtel Sabri de Annaba, un quatre étoiles. Avec son visage jovial, son épicurisme et la dignité flegmatique des enfants de Aïn Zaouia, à Tizi Ouzou, sa région natale, ce spécialiste des plats de terroir, des tajines et surtout du poisson, assure également la restauration des hautes personnalités en visite à Annaba. «Dans l'élaboration des menus, de la carte, des plats et tout ce qui touche aux activités de cuisine, le chef a une grande responsabilité. La cuisine étant un art, un chef de cuisine éprouve toujours du plaisir à satisfaire les moindres goûts de sa clientèle et surtout à laisser la meilleure impression possible tant en matière de qualité des menus ou de la carte que de la prestation de service», assure-t-il. Sa carte est riche de créations à l'image du champignon boeuf Bourguignon, les choux-fleurs au lard d'agneau, le couscous d'orge, le champignon topinambour ou encore les poissons blancs et bleus. Son secret réside dans ses pincées d'épices et des plantes arômatisantes tels les laurier, girofle cinabre, gingembre, thym, basilic, châtaigne, romarin…