Les habitants des localités rurales montagneuses de la commune d'El Ancer, à une quarantaine de kilomètres à l'est du chef-lieu de la wilaya, Jijel, ont investi, dans une énième action de protestation, le siège de l'APC pour revendiquer leur droit à des projets de développement. Le phénomène n'est pas nouveau, il témoigne d'un ras-le-bal général d'une population qui se sent de plus en plus marginalisée. Au siège de la commune d'El Ancer, devant lequel ils ont campé durant plusieurs jours au cours de la semaine passée, de nombreux habitants n'ont pas cessé de crier leur désarroi face à l'isolement dans lequel ils se trouvent. Ayant afflué des bourgades rurales de Akharrat, Ouled Chelli et Boulbellout, les villageois ont porté à bout de bras le souci de faire valoir leur droit à une vie descente dans leurs fiefs ruraux. Les habitants natifs de la localité de Aziar ont fait de même l'été dernier, ils ont occupé le siège de l'APC pendant deux jours. La commune d'El Ancer rencontre de plus en plus de difficultés à contenir ces manifestations. Les faibles moyens de la trésorerie communale, croit-on savoir auprès de certains élus, ne suffisent pas à prendre en charge les doléances exprimées. Les fameux plans communaux de développement (PCD) ne servent à peine qu'à retaper quelques routes ou à prendre en charge la réparation des crevasses ou les fuites d'eau. Les revendications des habitants concernent le plus souvent des projets d'envergure que seuls les plans sectoriels ou de gros budgets peuvent prendre en charge, sachant que la région est de surcroît dotée d'un relief montagneux. Les requêtes incessantes des citoyens portent le plus souvent sur la réalisation de routes, l'ouverture de nouveaux accès pour désenclaver les localités montagneuses et la mise en place de réseaux d'AEP, d'assainissement et de gaz de ville. Les habitants de Ouled Chelli exigent l'inscription du projet d'un pont sur l'oued El Kébir pour remplacer une passerelle réalisée il y a plus de dix ans. Certains vont même jusqu'à occuper la route pour une simple question de pose de ralentisseurs ! L'absence de perspectives de développement à court terme pousse les gens à manifester devant l'instance communale pour mettre la pression sur les responsables locaux. «Les moyens de la commune sont limités, on ne peut tout de suite réaliser de grands projets, il faut des études et des budgets importants pour prendre en charge toutes ces doléances», soutient un élu. A bout de patience, des habitants rétorquent qu'ils ne peuvent plus attendre. «Où étaient ces élus depuis toutes ces longues années ? Nous avons toujours cru à leurs promesses, mais nous n'avons rien vu venir», s'interrogent-ils.