Elles bannissent les roses rouges, la fête et les hommages à la petite semaine. Elles, elles ne font pas de chichis en ce 8 mars tant qu'elles n'ont pas dit leur dernier mot. Hier, à la place de la Grande-Poste à Alger, des dizaines de femmes et quelques hommes ont répondu à l'appel de la Coalition d'associations de victimes des années 1990 : SOS Disparus, CFDA, Djazairouna, Somoud et l'Observatoire des violences faites aux femmes (OVIF). A l'accoutumée, les forces de l'ordre ont célébré, de leur côté, cette journée à leur manière, sous le soleil tapant de l'après-midi. Les éléments des services de sécurité ont réussi après plus de trente minutes à diviser le groupe des mères de disparues qui se sont rassemblées par la suite en haut de la placette. «A l'occasion de la Journée de la femme, nous avons décidé de sortir et rendre hommage aux mères de disparues qui meurent et emportent avec elles la douleur de l'ignorance quant au sort de leurs chers disparus», a indiqué Fatima Yous, présidente de SOS Disparus, tenant une banderole portant des photos des défuntes mères avec ce message : «Elles vivaient dans l'espoir, elles sont mortes sans savoir.» Un peu plus bas, les familles des victimes du terrorisme et quelques membres du réseau Wassila ont scandé leur slogan à leur tour. «Nous avons choisi la rue Karima Belhadj qui est une jeune victime du terrorisme islamiste assassinée à l'âge de 19 ans. La jeune fille travaillait dans le secteur de la police. Les autorités n'ont pas trouvé mieux que de remplacer l'appellation de la rue par… La rue de la Concorde. Cette concorde que nous réfutons à jamais», dénonce Chérifa Kheddar, présidente de Djazairouna. Les familles des victimes du terrorisme ont tenu à afficher les noms des femmes assassinées par les terroristes. Par ailleurs, les élections législatives n'ont pas manqué au rendez-vous : «Ulac le vote ulac» ou «Le Parlement viole nos droits», peut-on lite sur les affiches des protestataires. «Nous serons toujours présentes pour donner au 8 mars le sens réel qu'il avait, à savoir une journée de revendications et de lutte, loin d'être festive», affirme Fadhila Chitour, présidente du réseau Wassila.