Lyon De notre correspondant Alors qu'on approche de la célébration officielle du cessez-le-feu en Algérie, date butoir pour le début des célébrations de la fin de la Guerre de Libération nationale, le terme le mieux approprié serait plutôt, en France, celui de commémoration, avec de nouveau l'esprit de regret d'avoir perdu la guerre d'Algérie, sanctionné par un certain 19 mars 1962. Le cinquantenaire commence à sentir le moisi dans l'Hexagone. Ainsi, l'Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l'OAS (Anpromevo) prend les devants de la protestation sur la surenchère «nostalgérique» qui n'est vraiment pas de mise, pour ne pas dire qu'elle est indigne, cinq décennies après la fin d'une occupation de l'Algérie pendant 132 ans. Dans un communiqué sous le titre «Cinquante ans après, les ultras de l'Algérie française érigés en conseillers de la République», l'Anpromevo estime qu'«une mémoire officielle de la guerre d'Algérie s'écrit en ce moment sous l'influence d'anciens ultras de l'Algérie française». L'association fait état d'une réunion qui s'est tenue le 22 février entre, d'une part, l'ancien préfet Christian Frémont, directeur de cabinet du président de la République, assisté de Renaud Bachy, président de la Mission interministérielle aux rapatriés et les représentants des courants les plus radicalement revanchards de la colonisation, mais en l'absence de délégués des harkis. D'autre part, «lors de cette rencontre, Christian Frémont se serait notamment engagé à ce que l'Etat ne soit pas représenté, le 19 mars 2012, lors des cérémonies commémoratives de l'entrée en vigueur des Accords d'Evian : une circulaire devrait être adressée aux membres du corps préfectoral, les appelant à se détourner de ces manifestations patriotiques». Ainsi, commente l'Anpromevo, l'Etat français n'hésite-t-il pas à «s'inscrire à contre-courant de l'histoire et à limiter l'exercice du droit au souvenir en cette année annoncée comme étant celle des grands rendez-vous mémoriels». En outre, selon la même source, le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy se serait également ému que des colloques puissent être envisagés, en ce mois de mars, sur des sujets rigoureusement neutres tels que «les Accords d'Evian : la paix en Algérie ?» ou «50 ans après, sortir de la guerre d'Algérie : regards croisés, regards apaisés». Pour l'Anpromevo, la menace semble réelle «d'une atteinte de l'Etat aux libertés tant de réunion que d'expression, renforcée par deux éléments récents : l'attitude négative du député-maire de Nice, Christian Estrosi, à l'égard d'une conférence-débat animée par des historiens sur le thème ‘‘Algérie 1962, pourquoi une fin de guerre si tragique' ?' ; l'hostilité du ministre chargé des rapatriés, Marc Laffineur, dans son appel lancé le 22 février contre un colloque d'universitaires prévu à Nîmes». Le communiqué conclut que «l'Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l'OAS ne peut, à la veille du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie, que réprouver les compromissions de la puissance publique à ses plus hauts niveaux avec les nostalgiques les plus extrémistes de l'empire colonial français».