Les historiens et universitaires ont apporté leur soutien à l'historien algérien et ont dénoncé les propos déplacés de l'animateur français. Une douzaine d'historiens et universitaires algériens et français se disent «consternés» par les propos malveillants du journaliste et présentateur télé français (natif d'Oran), Jean-Pierre Elkabbach. Dans une interview au journal online Tout sur l'Algérie – publiée le jeudi 23 février, accordée à l'issue de sa visite en Algérie pour l'enregistrement de deux numéros de son émission littéraire Bibliothèque Médicis, consacrés au cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie – J.-P. Elkabbach a stigmatisé l'historien algérien Mohamed Harbi. Dans l'entretien, le journaliste fait état de sa rencontre (pour les besoins du tournage d'une de ses émissions) avec l'historien algérien Mohamed Harbi et ancien responsable de la Fédération FLN en France. «Je lui ai posé la question «qui a décidé la lutte armée et du terrorisme à Paris ?» Il a mis un temps pour répondre et a dit que c'était lui», a-t-il raconté. Et d'ajouter ce commentaire fielleux : «Maintenant, il (Harbi, ndlr) vit en France ; il y a du charme aussi dans l'air de liberté de la France !» Dans une lettre adressée le 15 mars dernier à Jean-Pierre Elkabbach, les historiens et universitaires ont apporté leur soutien à l'historien algérien et ont dénoncé les propos déplacés de l'animateur français, connu et reconnu pour être un bouffon et un affidé des tenants du pouvoir politique français. Les consternés dénoncent une «libelle marquée par l'irresponsabilité». «Nous connaissons tous bien Mohamed Harbi tant comme militant que comme historien de renom, notent les signataires de la lettre, et nous pouvons affirmer que ce qui est rapporté dans ce texte est faux. De surcroît Mohamed Harbi nous a assurés ne pas s'être entretenu avec vous après l'émission Bibliothèque Médicis du 19 novembre 2011 et nous avons de bonnes raisons de lui faire confiance.» D'après eux, Mohamed Harbi, «qui a déjà été agressé entre autres par des proches du Front national et qui a subi aussi des avanies en Algérie, n'a été en rien un partisan de la violence dirigée contre des civils pendant la Guerre de Libération algérienne de 1954-1962, tout au contraire : ses positions, tout au long de son itinéraire politique, furent marquées par une priorité accordée au politique et par une hostilité constante à la violence. De plus, Mohamed Harbi n'a pas été «responsable» au sens de «dirigeant» mais un animateur de la commission presse et information de la Fédération de France du FLN». Parmi les signataires figurent le juriste, ancien doyen de la faculté de droit de l'université d'Alger, professeur émérite de l'université de Cergy-Pontoise, Madjid Benchikh ; Raphaëlle Branche (historienne, maître de conférences HDR à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne - Centre d'Histoire sociale du XXe siècle) ; Smaïl Goumeziane (économiste, spécialiste en économie du développement et historien, professeur à l'université de Paris IX-Dauphine) ; Ahmed Henni (économiste, ex-doyen et professeur d'économie à l'université d'Artois) ; Tahar Khalfoune (juriste, conseiller juridique à l'association Forum Réfugiés, chargé de cours à l'université Lyon III-Jean Moulin) ; Lemnouer Merouche (historien, professeur émérite de l'université d'Alger) ; Abdelmadjid Merdaci (sociologue et historien, professeur à l'université Mentouri de Constantine, ex-enseignant invité à l'Inalco) ; Gilbert Meynier (ex-enseignant à l'université de Constantine, professeur émérite de l'université de Nancy II) ; André Nouschi (historien, ex-enseignant à l'université de Tunis, professeur honoraire de l'université de Nice) ; Tramor Quemeneur (historien, docteur en histoire, enseignant en BTS et chargé de cours à l'université de Paris VIII Saint-Denis) ; Benjamin Stora (historien, professeur à l'université Paris XIII-Villetaneuse, ex-professeur à l'Inalco) ; Sylvie Thénault (historienne, chargée de recherches au CNRS, Centre d'histoire sociale du XXe siècle).