Nicolas Sarkozy a attendu la proximité du 1er tour de l'élection présidentielle pour reconnaître officiellement la responsabilité de la France dans «l'abandon des harkis après la fin de la guerre d'Algérie en 1962». Cette reconnaissance tombe à point nommé, au moment où, candidat à sa réélection, il a un besoin crucial de voix. Paris De notre correspondante Lors de la campagne de 2007, le candidat Sarkozy avait promis que, s'il était élu, il reconnaîtrait «officiellement la responsabilité de la France dans l'abandon et le massacre des harkis, afin que l'oubli ne les assassine pas une nouvelle fois». Le président Sarkozy n'avait-il pas tout un mandat (cinq ans) pour tenir cette promesse de candidat ? Les harkis et leurs enfants qu'il «courtise» aujourd'hui ne sont pas dupes quant à la motivation de cette reconnaissance que nombre de leurs représentants qualifient d'électoraliste. «La France se devait de protéger (les harkis) de l'histoire. Elle ne l'a pas fait. Elle porte désormais cette responsabilité devant l'histoire», a déclaré samedi le président-candidat au cours d'un discours prononcé à la préfecture de Perpignan devant des harkis et descendants de harkis. «C'est cette responsabilité que je suis venu reconnaître ici, à Perpignan, au nom de la République française», a-t-il ajouté. Début mars, il avait déclaré à Nice que la France avait «une dette» à l'endroit des harkis, sans toutefois parler de «réparation». «Pour que vous puissiez pardonner, il faut que la République reconnaisse qu'il y a eu une injustice, qu'il y a eu une forme d'abandon, c'est fait. Maintenant, pardonnez parce que la République a besoin de vous», a-t-il conclu. «Sarkozy est dans une logique de pardon, alors que les familles de harkis sont dans une logique de justice, de vérité et de responsabilité.» Et «la déclaration de Nice est une opération de communication électorale d'un candidat aux abois qui part désespérément à la chasse aux voix», avaient réagi des proches de harkis. («L'injonction incroyable de Sarkozy aux enfants de harkis : ‘‘ Maintenant, pardonnez !''», lettre de Farida Jul, sur le site «Harkis Droits de l'homme»). Pour sa part, le candidat socialiste, François Hollande, a adressé en octobre un «message» aux harkis et aux rapatriés dans lequel il s'est engagé en cas d'élection à «ouvrir l'ensemble des archives concernant cette période et en particulier celle qui a suivi la signature des Accords d'Evian et le cessez-le-feu du 19 Mars 1962». Les sondages de cette présente campagne présidentielle, mais aussi l'élection présidentielle de 2007, ont montré qu'il n'existe pas un «vote harki» homogène, tout comme il n'existe pas un «vote pied-noir». L'électorat rapatrié et leurs proches (pieds- noirs et harkis) estimé à 3,2 millions d'électeurs potentiels est partagé entre différentes sensibilités. En 2007, ils avaient voté à 31% pour Nicolas Sarkozy, 18% pour le candidat du Front national, Jean-Marie Le Pen, et 20,5% pour la candidate socialiste Ségolène Royal.