Les activités de meunerie et de boulangerie ont besoin d'être professionnalisées. C'est à ce constat que sont arrivés les différents participants à la conférence débat qui s'est tenue, hier, au siège de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Ils étaient unanimes à déclarer qu'une réelle anarchie régnait dans le secteur se répercutant ainsi sur la qualité du pain. D'après Maâmar Hantour, président du Comité national des boulangers affilié l'UGCAA, si une amélioration sensible a été enregistrée dans ce domaine, il n'en demeure pas moins que la qualité laisse toujours à désirer. Il impute cette situation au manque de professionnalisme des boulangers dont seulement 5% ont reçu une formation adaptée. « La plupart d'entre nous ont eu un apprentissage dans le tas », a-t-il souligné. « Il n'y a pas une seule école spécialisée dans la formation de boulanger et de pâtissier », a-t-il ajouté. Il a fait part de l'organisation par son organisation d'un concours national du pain pour mesurer les capacités et le degré de maîtrise du métier en Algérie. Il a relevé : « La boulangerie a été mécanisée à 100% de sorte que les artisans ne se retrouvent plus dans ce marché. » Le conférencier a souligné encore que l'offre n'est pas diversifiée regrettant au passage que « tous les meuniers fabriquent la même qualité de farine qui est utilisée pour tous les types de pain et de gâteaux ». Le représentant du ministère de la Formation professionnelle, Chérifi M'hamed, a reconnu, pour sa part, qu'en matière de formation, beaucoup reste à faire : « Nous avons au niveau local des formations par apprentissage. Ce mode de formation ne peut pas être performant. » Dans la foulée, il a déploré les difficultés qui entravent le démarrage de l'institut de planification à Blida. Dans le même ordre d'idées, il a mis l'accent sur l'absence de « contact étroit entre le secteur économique, les boulangers et la formation professionnelle ». Intervenant en tant que représentant du secteur de la meunerie, M. Sabet, de Minoterie groupe Sidi Bendiba, n'a pas mâché ses mots. D'après lui, « en Algérie, on n'a pas de meuniers. Nous investissons pour gagner de l'argent ». L'absence de statistiques et de données sur ce marché illustre, selon lui, l'état de déliquescence dans lequel se complaît la corporation. Il n'a pas manqué de pointer un doigt accusateur vers l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) qui commercialise du blé à un prix moins cher, mais de qualité moindre. Selon lui, l'ouverture du marché et la levée du monopole n'ont pas eu l'effet escompté du moment que le choix reste toujours réduit. L'OAIC propose son blé à 130 dollars la tonne alors que les fournisseurs privés le cèdent à un prix variant entre 160 et 170 dollars. « La moitié de nos approvisionnements est de bonne qualité et l'autre non. Nous faisons un mélange », a-t-il confié. Il a insisté sur le fait que l'activité est loin d'être rentable. « On survit. Il n'est pas facile d'amortir nos investissements », a-t-il assuré tout en précisant : « Le pain le moins cher dans le monde, c'est en Algérie. » Il a insinué, en outre, que l'origine indiquée du blé importé est souvent fausse. « Notre blé n'est pas contrôlé au port », a-t-il soutenu. Dans ce sillage, il a noté l'existence d'un vide juridique. « Il y a un vide juridique. Il n'y a aucune loi pour réglementer l'activité », a-t-il dit à ce propos. Il a également révélé que la farine algérienne n'a pas échappé à la contrebande. « Elle se vend à Fès au Maroc », a-t-il affirmé. Le représentant du groupe Lessaffre a, de son côté, fait savoir que la production de levure est de 22 000 t par an. Le marché est détenu à 70% par le groupe Lessaffre. Il y aurait entre 13 000 et 17 000 boulangers. L'Algérien consommerait environ 900 g de pain par jour.