L'état de santé des grévistes s'est gravement détérioré. La Laddh et le FFS dénoncent l'absence de réaction des autorités. Leur état de santé se dégrade chaque jour davantage. Certains d'entre eux ont été évacués à plusieurs reprises à l'hôpital. Mais toujours pas de réaction des autorités. Les six greffiers, en grève de la faim depuis plus de 15 jours pour exiger une prise en charge des revendications de ce corps du secteur de la justice, sont dans une situation alarmante. Ils souffrent à huis clos, dans la Maison des syndicats, à Alger. Epuisés et extrêmement affaiblis, ces grévistes se montrent toutefois déterminés à poursuivre leur lutte pour… la dignité. Comme leurs collègues qui protestent depuis plusieurs semaines, ils exigent une situation socioprofessionnelle acceptable et un statut particulier honorable. Une lutte qu'ils ne comptent pas abandonner de sitôt. Quitte à mettre leur vie en danger. Ils le sont déjà en tout cas. Seul Mourad Ghedia, président de la Fédération des travailleurs de la justice, affiliée au Snapap, résiste encore aux effets de la privation de nourriture. Il se déplace difficilement, tandis que ses collègues grévistes, toutes des femmes, sont alitées. Elles n'arrivent pas à bouger et n'ont plus d'énergie pour parler. C'est A. L., greffière à Tizi Ouzou, qui souffre le plus. «Elle a été évacuée à maintes reprises à l'hôpital», explique Mourad Ghedia, qui déplore le silence méprisant des autorités, en particulier le ministère de la Justice qui est interpellé à travers cette grève de la faim. Ces greffiers ne demandent au ministère que l'application des engagements pris depuis plusieurs mois. «Nous n'avons aucune chance de voir notre carrière évoluer. Il faudrait peut-être des siècles pour devenir greffiers divisionnaires (grade 9). L'écrasante majorité des greffiers n'accède pas à ce grade en fin de carrière», explique-t-il. La tutelle insensible aux appels au dialogue Le syndicaliste déplore également l'attitude des autorités qui refusent d'ouvrir un dialogue sérieux avec les représentants des greffiers. «Au lieu d'engager des négociations avec les contestataires, les responsables créent des syndicats qui ne représentent personne. Et pour ne pas répondre à nos revendications, ils (les responsables du ministère de la Justice) disent qu'il n'y a pas de ministre», dénonce-t-il.Hier, les grévistes ont reçu la visite d'une délégation du FFS, composée du premier secrétaire du parti, Ali Laskri, du nouveau député, Mostefa Bouchachi, ainsi que des avocats Youssef Sahli et Nabila Samail. Les responsables du vieux parti de l'opposition se disent outrés par «l'indifférence des autorités à l'égard de l'état de santé des grévistes». Le FFS appelle ces mêmes autorités «à ouvrir un dialogue sérieux avec les représentants des travailleurs du secteur et à appliquer l'accord conclu avec eux le 23 février 2011». «C'est une situation dramatique pour ces grévistes de la faim. Je vois aussi qu'il n'y a aucune médiation et c'est très grave. Les responsables du secteur doivent faire le déplacement pour discuter avec les grévistes et trouver une solution. Il n'est pas question qu'ils laissent ces travailleurs dans cette situation», nous a déclaré Ali Laskri. Le deuxième homme du FFS appelle également les cadres du parti, la société civile, les organisations des droits de l'homme et les syndicats autonomes à se solidariser avec les greffiers et tous les mouvements sociaux. Pour sa part, Mostefa Bouchachi dénonce l'attitude des responsables du gouvernement qui ne se sentent pas inquiétés par la situation des travailleurs algériens : «Ces institutions ne sont pas responsables et l'Etat a laissé tomber sa mission essentielle et sa responsabilité qui est d'entrer en contact avec les syndicats et les travailleurs à travers un dialogue sérieux.» Une délégation de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh), présidée par Noureddine Benissad, a rendu également visite, samedi dernier, aux grévistes. L'organisation appelle aussi les pouvoirs publics à «faire preuve de responsabilité». «La Laddh exprime son inquiétude et sa vive préoccupation quant à la dégradation de leur état de santé», écrit l'organisation dans un communiqué rendu public. La Ligue évoque la nécessité de «privilégier le dialogue» pour trouver une solution aux conflits sociaux. Elle met en garde, dans ce sens, «contre les mesures d'intimidation et les approches sécuritaires» qu'adoptent souvent les autorités pour mater les mouvements sociaux.