La situation des droits de l'homme en Algérie connaît «une régression continue», selon l'organisation Amnesty International (AI). Dans son 50e rapport annuel rendu public hier à l'hôtel Es Safir (ex-Aletti), l'ONG dénonce les violations des droits humains dans le monde en accordant un chapitre pour chaque pays. Côté algérien, l'année 2011 a été marquée par des mouvements de protestation qui ont eu comme réponse une série de mesures socioéconomiques d'apaisement et la promulgation de «lois plus répressives et plus liberticides», selon le président de la section algérienne d'AI, Ali Yemloul. Le rapport passe en revue les différentes formes de répression portant atteinte aux droits de l'homme en Algérie. Et pour mieux illustrer la volonté du gouvernement en place de museler les libertés individuelles et collectives, le bilan d'AI fait référence à la liberté d'expression, d'association et de réunion. «Les autorités continuaient de restreindre la liberté d'expression et de prohiber les rassemblements publics non autorisés. Après la levée de l'état d'urgence le 24 février, les manifestations sont devenues légales dans tout le pays, hormis dans la capitale, sous réserve de l'obtention préalable d'une autorisation. Cette autorisation était toutefois souvent refusée», note-t-on dans le rapport. Par ailleurs, le dossier de l'impunité et des disparitions forcées n'est pas près de connaître son épilogue, puisque «les autorités algériennes n'ont pris aucune mesure pour enquêter sur les milliers de disparitions forcées et autres violations graves des droits humains qui ont eu lieu au cours du conflit interne des années 1990, ni pour faire en sorte que les responsables de ces agissements aient à rendre compte de leurs actes», précise AI. Ce qui amène Ali Yemloul à constater qu'«il reste beaucoup à faire en Algérie en matière des droits humains». Sur le front de l'égalité entre les sexes, il a été relevé que les femmes continuaient de subir des discriminations dans la législation et dans la pratique en mettant le doigt sur le code de la famille de 2005 qui stipule que les droits des femmes restent «subordonnés à ceux des hommes en matière de mariage, de divorce, de garde d'enfants et d'héritage». Le rapport dénonce, par ailleurs, le non-respect de la liberté de religion et de conviction dans le pays. Il cite, entre autres, la poursuite en justice d'un musulman converti au christianisme à Oran, et une décision du wali de fermer des églises à Béjaïa, qui n'a pas abouti. Au plan international, le rapport accuse, entre autres, le Conseil de sécurité de l'ONU qui n'est pas parvenu à se montrer à la hauteur du courage des contestataires dans des pays comme la Syrie. Le Conseil de sécurité est apparu au cours de cette année «usé, déphasé et de plus en plus inadapté aux besoins», estime l'ONG.