Des membres fondateurs du Conseil français du culte musulman (CFCM) viennent de lancer un appel pour la tenue des assises nationales de l'Islam en France. Transparence, démocratie, indépendance et ouverture en sont les maîtres-mots. Lyon De notre correspondant L e Conseil français du culte musulman (CFCM) est-il appelé à évoluer ? Des fondateurs de l'instance le souhaitent et le font savoir par la voie d'un communiqué publié à la fin mai, à la suite d'une démarche initiée en mars 2012. Voulue par le gouvernement Jospin entre 1997 et 2002, puis créé par l'ex-président Nicolas Sarkozy, alors qu'il était ministre de l'Intérieur, le CFCM a prouvé, lors du dernier renouvellement de sa direction, que rien n'était facile dans la gestion de ce qui était censé être le partenaire avec le gouvernement français. C'était de moins en moins facile ces dernières années avec les attaques répétées contre l'Islam lors des débats sur l'identité nationale, sur la place de la religion musulmane dans la société, autant de sujets qui ont largement dérapé sous la double poussée du candidat Sarkozy et de Marine Le Pen (Front national), pendant la campagne présidentielle. Quel devait être alors le rôle du CFCM, et l'a-t-il rempli ? C'est ce que soulève le communiqué : «Au mois de mars 2012, nous avions eu l'occasion d'affirmer notre position sur le projet de la réforme du CFCM, conçue sous l'égide du ministère de l'Intérieur. Nous affirmons notre volonté à poursuivre la concertation sur la situation de l'Islam et des musulmans de France, surtout après le débat électoral qui l'a tant affecté». Les signataires du texte portent quelques «principes fondamentaux» avec «d'abord la nécessité de la transparence», pour «éviter que la réforme du CFCM, sujet d'une importance majeure pour la communauté musulmane, soit discutée de manière informelle et officieuse». Ensuite, un souhait, celui de la «démocratie» : en impliquant «les organisations musulmanes représentatives sans exclure l'ensemble des fondateurs et les autres expressions de l'Islam de France». Enfin, soucieux d'«indépendance», les signataires se méfient des «enjeux politiques de l'extérieur et de l'intérieur qui s'alignent sur le calendrier électoral», avec le regret qu'«une intervention des pouvoirs publics s'est faite au détriment de la représentation légitime de la communauté musulmane de France. Il s'agit là, surtout, d'une violation manifeste du principe de laïcité, principe selon lequel l'Etat doit faire preuve d'une neutralité à l'égard de tous les cultes. Les signataires, avec tous ceux qui souhaitent faire évoluer la démarche énoncée, se donnent rendez-vous avant la fin du mois de juin, pour une réunion préparatoire de ces assises dont la deuxième étape serait la mise en place d'assises au niveau régional à l'automne prochain, puis au niveau national au printemps 2013», nous indique Kamel Kabtane, recteur de la grande mosquée de Lyon. Rappelant le principe d'«ouverture», il insiste qu'il «nous faut refonder l'ensemble du système, le sortir de cet enfermement dans lequel il s'est trouvé confronté durant 10 ans». Profitant, sans le dire ouvertement, de l'alternance au sommet de l'Etat avec la venue de la gauche au pouvoir sous la houlette du président Hollande, il s'agirait de «faire en sorte que le nouveau CFCM ne soit plus un appendice du pouvoir (qui d'ailleurs usait et en abusait à sa guise), pour en faire une institution porteuse des aspirations de l'ensemble de la communauté». * Les signataires du communiqué : Fédération nationale des musulmans de France, Foi et pratique, Grande mosquée d'Evry, Grande mosquée de Lyon, Grande mosquée de Marseille, Union des organisations islamiques de France, Demiryurek Haydar, vice-président du CFCM.