Crise majeure entre l'Etat et le constructeur automobile PSA après la décision de supprimer 8000 postes en France d'ici 2014 l Au-delà des réactions indignées des salariés et des syndicats, c'est toute la France qui est sous le choc. Paris De notre correspondant Tremblement de terre social chez le constructeur français Peugeot-Citroën qui a annoncé, jeudi soir, la suppression de 8000 postes d'ici 2014 au sein de l'usine d'Aulnay-sous-Bois, région parisienne, et à Rennes, à l'ouest de la France. Philippe Varin, président du groupe, a réclamé une «baisse massive du coût du travail» en France. «Pour restaurer nos marges, il y a une marge de flexibilité sur le coût du travail. Nous avons le coût du travail le plus cher en Europe et nous produisons 44% de notre production en France. Donc, il faut baisser les charges massives qui baissent sur le travail», a-t-il estimé jeudi. Une explication qui n'a pas convaincu le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, qui a qualifié ces suppressions de «tremblement de terre».Il a assuré que PSA avait un devoir vis-à-vis de la nation France et que l'Etat disposait de nombreux moyens de pression sur le groupe privé. «Nous ne pouvons pas accepter aujourd'hui que les plans sociaux soient abusifs. Ils doivent être strictement proportionnés aux difficultés de l'entreprise», avait déclaré M. Montebourg, qui a ajouté : «Nous allons examiner toutes les alternatives possibles. Par exemple, pourquoi choisit-on un site en France (Aulnay) et pas un autre en Europe.» Ces licenciements massifs mettent à mal le gouvernement de Jean-Marc Ayrault et le placent devant une responsabilité difficile à assumer. Hier, le Premier ministre français a répliqué au PDG de PSA, en disant : «Ce serait un peu facile que le DG de cette entreprise se défausse en disant 'traitez le problème du coût du travail et tout sera résolu'.» Jean-Marc Ayrault s'est ensuite demandé : «Pourquoi cette annonce maintenant ? Est-ce que cette situation n'était pas connue déjà depuis plus longtemps, voire un ou deux ans ? Pourquoi cette situation s'est dégradée alors que l'Etat a versé 4 milliards d'euros à ce groupe industriel ? Quel a été le rôle de l'actionnaire, notamment la famille Peugeot ?» Pour faire passer la pilule, le PDG de Peugeot a promis qu'il n'y aurait pas de licenciements secs et qu'une solution sera proposée à chaque salarié. Mais d'ores et déjà, l'annonce de ces suppressions a provoqué un choc terrible chez les employés de PSA, mais pas que, puisque l'affaire est considérée comme étant un «séisme» qui a frappé la France toute entière. Après la stupeur, les syndicats tentent de s'organiser pour sauver les emplois et infléchir la position du groupe. Pour la CGT, la plus dure vis-à-vis de PSA, «la guerre est déclarée». Bernard Thibault, son secrétaire général, a expliqué que son syndicat n'allait pas prendre pour argent comptant cette annonce brutale de suppression d'emplois, indiquant qu'il y a un an, les représentants de la CGT au sein de l'entreprise PSA avaient déjà donné cette information, mais sans doute que le contexte électoral ne se prêtait pas à la confirmation de ce séisme. De son côté, le leader de Force Ouvrière (FO), Jean-Claude Mailly, a qualifié l'annonce de la suppression de 8000 postes chez PSA de «purge sévère». Selon lui, les salariés sont en train de payer la facture des erreurs stratégiques du groupe à l'international, notamment en Chine. FO va demander la nomination d'un expert et a par ailleurs appelé l'Etat à intervenir d'urgence pour examiner la possibilité des mesures spécifiques en matière de chômage et de formation professionnelle. Pour sa part, Frank Don, délégué de la CFTC, syndicat d'obédience chrétienne, les salariés de PSA ont été trompés et bafoués : «On ne peut pas dire que le groupe est familial et social. Il nous traite de manière incorrecte et lamentable.»