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Le Barnett Shale est entré dans l'histoire
Les USA veulent conquérir leur indépendance énergétique
Publié dans El Watan le 30 - 07 - 2012

Ed Ireland dirige le Barnett Shale Energy Education Council (BSEEC), un organisme chargé de la promotion du savoir dans le domaine de l'énergie et des meilleures pratiques concernant le pétrole et le gaz dans le domaine des forages, de la production du transport et de la commercialisation dans le Barnett Shale.
Le Barnett Shale est une région de l'Etat du Texas située dans la ville de Fort Worth près de Dallas. Elle tient ce nom de la formation géologique située dans le bassin Bend Arch-Fort Worth. Elle est devenue célèbre à la suite de la mise en valeur des grandes quantités de gaz non conventionnel ou shale gas qu'elle renferme. Elle est considérée comme la plus grande des régions de production du gas shale et sa superficie serait de 13 000 km2.
Les forages de puits se sont faits même en milieu urbain, puisque les terres sont privées. Le profil de Ed Ireland, qui a travaillé dans le secteur de l'énergie durant plus de 20 ans comme économiste et a aussi enseigné l'économie à l'université Clemson en Caroline du Sud, cadre bien avec la mission de la BSEEC, informer sur l'industrie et organiser des débats, y compris avec les citoyens et trouver à chaque fois un consensus entre les différentes parties.
L'exposé qu'il nous fait sur la révolution qu'a vécue le Barnett Shale en matière de production de gaz naturel non conventionnel est didactique. Mais il n'élude aucune question, même les plus gênantes comme celle de l'utilisation des produits chimiques avec du sable dans la fracturation hydraulique de la roche pour libérer les molécules de gaz et maintenir les issues ouvertes grâce par exemple aux détergents.
Sa réponse est professionnelle : «Toutes les industries utilisent des additifs, y compris l'industrie alimentaire...»
Pour Ed Ireland, le volume injecté pour les produits chimiques est de 1500 gallons pour 3 millions de gallons d'eau (un gallon équivaut à 3,78 litres), soit un taux infime, selon Ed Ireland.
Actuellement, les industriels sont obligés de rendre publics les produits qu'ils utilisent pour la fracturation. Les autorités les obligent à les porter à la connaissance de tous les citoyens, y compris sur les sites web. Selon Ed Ireland «au Texas, il y a une loi qui exige des sociétés qu'elles rendent publics sur leur site web tous les produits et matières utilisés dans la fracturation et le travaille d'exploration».
Pour échapper à la critique de l'infiltration des produits chimiques dans la nappe d'eau phréatique contenue dans l'aquifère souterrain à faible profondeur, la réglementation est très stricte et le haut du puits doit être cimenté pour éviter des infiltrations qui amèneraient une contamination de la nappe phréatique.
Des forages sont menés en pleine agglomération
Depuis quelque temps, après les critiques qui ont donné lieu à des manifestations contre la fracturation hydraulique, le gouvernement veut contrôler cette activité et édicter des règlements qui protégeraient l'environnement et le sol, puisqu'on parle de cas d'affaissements de terrain occasionnés par les forages.Comme les terres sont privées en partie aux Etats-Unis, l'Etat ou le gouvernement fédéral ne peut pas interdire cette activité. Ils peuvent la réglementer. D'ailleurs, on voit mal les autorités aux Etats-Unis interdire cette activité industrielle qui a procuré au pays l'indépendance énergétique dans le secteur du gaz naturel et qui peut apporter un plus dans la production de pétrole.
Et dans tous les cas de figure, les citoyens, qu'ils soient pour ou contre, sont surtout des électeurs, et cet aspect n'échappe pas aux gouvernements qui sont élus. Tous les avis doivent être pris en compte, mais il n'est pas question d'interdire l'activité.
Après la cimentation du puits, le forage est profond, selon Ed Ireland, près de 7000 pieds sous terre, et il n'affecte pas l'environnement. Quand le puits est foré, la production démarre un mois après.
Dans le cas des forages en milieu urbain, la société chargée de forer érige un mur haut de 40 à 50 pieds tout autour du terrain des opérations pour éviter que la poussière gêne les résidants aux alentours et amortir le bruit des machines. Des compagnies plantent aussi des arbres pour former une barrière verte. Mais toutes ces dispositions n'ont pas arrêté la contestation surtout contre les forages en milieu urbain.A Forth Worth, des forages sont menés en pleine agglomération.
Le forage par fracturation hydraulique consomme beaucoup d'eau, l'autre grand problème de cette industrie.
Des études sont menées actuellement pour remplacer l'eau, selon Ed Ireland. Elle pourrait être remplacée par un autre produit. D'autres sont aussi menées pour réutiliser l'eau qui a été injectée après l'avoir récupérée.
L'eau, un problème pour la région
Pour l'instant, c'est l'eau saumâtre qui est utilisée, et elle est payée à la ville par l'industriel. L'eau de pluie est aussi récupérée grâce à des retenues. L'acheminement de l'eau par camions-citernes pose de grands problèmes de circulation dans la ville.
Pour avoir une idée de l'importance de l'activité dans le Barnett, il faut savoir que jusqu'à présent, ce sont 18 000 puits qui ont été forés et que l'activité pourrait être multipliée par 2 ou 3, selon Ed Ireland.
La production de gaz naturel dans le Barnett a dépassé les 50 milliards de mètres cubes en 2010.
Une étude a estimé que l'activité dans le Barnett a généré près de 11,1 milliards de dollars en 2011, et elle a créé près de 120 000 emplois dans la région.Et elle a fait augmenter le PIB de l'Etat de 13,7 milliards de dollars.
A la question actuelle de savoir quel est l'impact sur l'activité du prix actuel du gaz qui était de 2,5 dollars, à la fin du mois de juin, conséquence du développement de la production, Ed Ireland estime que le gain actuel pour les sociétés est minime. Mais cela ne veut pas dire pourtant que l'activité va baisser. Des sociétés ferment des puits, d'autres ralentissent leur activité à cause du bas prix, mais la grande tendance va vers le pétrole. Beaucoup de sociétés orientent leur activité vers la production d'oil shale ou le pétrole conventionnel dont les quantités sont appréciables dans la région.
La baisse du prix du gaz, si elle profite au consommateur, elle a influé sur les projets des énergies non renouvelables aussi et qui pourraient ralentir, sauf si le gouvernement reconduit les avantages fiscaux qui prendront fin en 2012.
Les observateurs espèrent une remontée du prix du gaz avec la baisse du nombre de forages pour rendre plus compétitifs les projets des énergies non renouvelables. Une exportation d'une partie de la production de gaz naturel pourrait favoriser une hausse des prix.
Mais l'orientation de l'activité vers le pétrole non conventionnel semble être le choix actuellement.


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