Les gaz de schistes (shale gas) ont connu un essor extraordinaire ces dernières années aux Etats-Unis. En Europe, les compagnies pétrolières commencent à peine à s'intéresser à ces gaz non conventionnels dont les ressources pourraient être importantes. Roland Vially, géologue à IFP, dans un entretien aux médias européens, revient longuement sur ces hydrocarbures. Il explique qu'il s'agit de gaz contenu dans des roches sédimentaires argileuses très compactes et très imperméables, qui renferment au moins 5 à 10% de matière organique. Ces gaz font partie des types de gaz non conventionnels parce qu'ils ne peuvent pas être exploités avec les modes de production classiques. Ils sont aujourd'hui produits en grande quantité aux Etats-Unis où ils représentent 12% de la production de gaz contre seulement 1% en 2000. A part quelques pays qui n'ont pas de bassins sédimentaires, on peut trouver des shale gas à peu près partout. En Europe, le consortium Gash, auquel participe IFP Energies nouvelles, vise à établir d'ici 3 ans une cartographie des ressources européennes. Les réserves mondiales représenteraient plus de quatre fois les ressources de gaz conventionnel. De quoi, si on arrivait à les exploiter, changer la donne de la géopolitique gazière. Mais pourquoi la production s'est-elle ainsi développée aux Etats-Unis ? Cela est dû en partie à l'amélioration des techniques d'extraction ces dernières années, en particulier le forage horizontal et la fracturation hydraulique des roches qui permet d'augmenter la perméabilité à proximité des puits, les fluides ne migrant pas naturellement dans les argiles. Les gas shale étant dispersés dans la roche imperméable, il faut en effet forer de très nombreux puits et fracturer la roche. Le puits produit quelques années puis est abandonné, et un nouveau puits est foré quelques centaines de mètres plus loin. La fracturation de la roche suppose par ailleurs d'injecter de grandes quantités d'eau à haute pression et du sable. L'accroissement de la production Outre-Atlantique a été favorisé au début par des incitations fiscales. Le faible coût des forages, un droit de propriété des particuliers étendu au sous-sol ainsi qu'une réglementation environnementale moins contraignante, associées aux avancées technologiques, expliquent cet engouement. Et l'environnement dans tout cela ? D'évidence, l'impact environnemental n'est pas neutre puisque la fracturation hydraulique utilise une grande quantité d'eau. Cette eau doit être ensuite traitée car elle est souvent salée et peut contenir des métaux lourds. Par ailleurs, la multiplication des forages et des réseaux de «pipes» affectent les paysages, ce d'autant plus que la zone de drainage autour des puits étant faible, il peut y avoir un puits tous les 500 mètres. Même si l'impact sur l'environnement n'est pas le même aux Etats-Unis – qui possèdent de grands espaces inoccupés – qu'en Europe, c'est un sujet qui fait de plus en plus débat et qui devrait conduire au développement de techniques plus rationnelles et respectueuses de l'environnement. R. E.