François Hollande, qui inaugurait, mardi, le département consacré aux arts de l'islam au Louvre, a soutenu que «les meilleures armes pour lutter contre le fanatisme qui se réclame de l'islam se trouvent dans l'islam lui-même». Paris. De notre correspondante Réagissant pour la première fois à la manifestation de samedi dernier à Paris, devant l'ambassade américaine, le président Hollande estime qu'il s'agissait là de «groupes mus par l'insondable bêtise qui rend chaque civilisation vulnérable». Entre 200 et 250 personnes avaient pris part à une manifestation non déclarée près de l'ambassade des Etats-Unis, de l'Elysée et du ministère de l'Intérieur, un des quartiers les plus sécurisés de Paris. Pour ce samedi, de nouvelles manifestations sont envisagées. «Ici, en France, à chaque fois qu'est mise en cause la dignité de la personne humaine, la liberté d'expression, nous serons là», a souligné François Hollande. Le meilleur rempart et la meilleure réponse aux extrémismes est la culture, a voulu signifier François Hollande, voyant dans le nouveau département du Louvre consacré aux arts de l'islam «un acte politique et un acte de paix». «L'honneur des civilisations islamiques est d'être plus anciennes, plus vivantes, plus tolérantes que certains de ceux qui prétendent abusivement aujourd'hui parler en leur nom», a-t-il assuré. «Il est l'exact contraire de l'obscurantisme qui anéantit les principes et détruit les valeurs de l'islam en portant la violence et la haine.» Ce projet de département du Louvre consacré aux arts de l'islam avait été lancé il y a trente ans par François Mitterrand, annoncé au début des années 2000 par Jacques Chirac, et Nicolas Sarkozy en avait posé la première pierre en 2008. Devant une aiguière en cristal de roche réalisée en Egypte au XIe siècle, ainsi qu'un paon en bronze de 972, où figurent côte à côte des inscriptions en latin et en arabe, le président Hollande a eu ce commentaire, rapporte Le Figaro : «Voilà qui nous rappelle que les civilisations ne sont pas des blocs qui s'ignoreraient ou se heurteraient. Elles progressent par leur rencontre, par leur dialogue.» Et devant le baptistère de Saint-Louis, une création mamelouke qui a servi pendant des siècles aux baptêmes des enfants royaux de France : «Ainsi des monarques de droit divin ont baigné dans des œuvres islamiques et nous ne le savions pas! Ce chef-d'œuvre témoigne, lui aussi, de cette origine parfois commune entre l'Europe chrétienne et les cultures de l'islam.» Le département des arts de l'islam comprend près de 3000 œuvres datant du VIIe au XIXe siècles qui seront accessibles au public à partir de samedi, dans 3000 m² créés par Ricciotti-Bellini, aile Denon, sous la cour Visconti. Disposés dans des vitrines thématiques et chronologiques, ils couvrent douze siècles (du VIIe au XVIIIe) et concernent une zone géographique immense, de l'Espagne à l'Inde. De fabuleuses collections seront ainsi révélées au public. Ce département a été réalisé grâce à des apports financiers extérieurs et l'aide des pays du Golfe. Le coût global du chantier, évalué à une centaine de millions d'euros, est assuré à hauteur de 30% par l'Etat français. Les entreprises Total et Lafarge y contribuent pour une dizaine de millions. Le prince Al Waleed Bin Talal Bin Abdulaziz Al Saoud, le neveu du roi Fahd d'Arabie Saoudite, a offert un chèque de 17 millions d'euros au nom de sa fondation, tout comme le roi Mohammed VI du Maroc, le cheikh Sabah Al Ahmad au nom de l'Etat du Koweït, le sultan Qabous Bin Saïd et le peuple omanais, et la République d'Azerbaïdjan.