Les représentants des travailleurs du préemploi et du filet social ont tenu, hier, un sit-in devant la maison de la presse Tahar Djaout, à Alger, pour réclamer un travail décent. Ces représentants, membres du Comité national des bénéficiaires de contrat de préemploi, ont fait coïncider leur action de protestation avec la Journée mondiale du travail décent. «Nous travaillons dans la précarité la plus absolue depuis plusieurs années. Nos nombreuses demandes de régularisation sont restées lettre morte», fulmine l'un des manifestants. Les manifestants envisagent une marche à Alger durant le mois de novembre, car pour eux, il n'est plus question de «rester les bras croisés», alors que leur avenir est hypothéqué. Ces travailleurs, embauchés dans le cadre du filet social ou du préemploi, ne perçoivent même pas le Salaire national minimum garanti (SNMG) fixé depuis 2012 à 18 000 DA. Leurs salaires, jugés «dérisoires», oscillent entre 6000 et 15 000 DA. «Nous sommes des diplômés universitaires. Nous avons trimé pour avoir ces diplômes. Nous méritons un minimum de considération, d'autant plus que nous accomplissons suffisamment bien notre travail, qui est celui d'un permanent», tonne un autre membre de ce comité national qui, depuis sa création le 19 mai 2011, se bat pour arracher les droits de quelque 600 000 détenteurs de contrat de préemploi. Les protestataires ont mis en avant le droit au travail garanti par la Constitution, notamment dans son article 55 qui stipule que «tous les citoyens ont droit au travail. Le droit à la protection, à la sécurité et à l'hygiène dans le travail est garanti par la loi. Le droit au repos est garanti ; la loi en détermine les modalités d'exercice». Mis en place pour juguler le chômage, le dispositif du préemploi a atteint ses limites. «Après des années, il s'est avéré que ce dispositif est en totale contradiction avec les normes de l'emploi, maintenant les jeunes dans une pauvreté et une précarité qui ne leur garantit aucun avenir. Cette politique d'emploi, mise en place exclusivement pour absorber le chômage des jeunes diplômés, a montré ses limites, notamment en France où les jeunes demandeurs d'emploi ont demandé sa suppression», souligne le Comité dans un communiqué rendu public le même jour. Pour les protestataires, cette politique d'emploi «ouvre la porte aux fuites des compétences à l'étranger». Ils en veulent pour preuve «le nombre considérable de demandes de visa d'études pour la France, les Etats-Unis et le Canada, qui a explosé ces dernières années». Selon leurs données, il y aurait près de 12 000 demandes annuelles pour la France et 8000 pour l'Amérique. Ainsi, ils estiment que les mesures de colmatage dans le cadre des contrats de préemploi sont «un véritable échec». Leur principale revendication est ainsi la permanisation, eux qui sont présents partout dans l'administration publique.