Les objectifs glycémiques stricts sont remplacés par des cibles individualisées. Lors d'une conférence de presse tenue en marge des travaux du congrès, les associations européenne et américaine du diabète ont expliqué qu'actuellement une nouvelle approche dans la prise en charge du diabète vient remplacer la méthode classique basée sur des recommandations. En effet, les spécialistes pensent de plus en plus qu'il serait préférable que les patients participent au développement de la stratégie des traitements qui leur sont offerts. Les diabétologues disposent actuellement d'une nouvelle feuille de route sur la prise en charge du diabète de type 2, rédigée conjointement par l'European association for the study of diabetes (EASD) et l'American diabetes association (ADA). Le Pr David R Matthews (Oxford Centre for Diabetes, Endocrinology and metabolism, Oxford, Royaume-Uni) a expliqué pourquoi ils avaient choisi de rédiger une feuille de route et non pas des recommandations au sens strict lors de la conférence de presse. «Nous avons souhaité élaborer une feuille de route et non des recommandations parce que nous évoluons dans un monde complexe, où il existe de multiples alternatives de prise en charge pour cette maladie chronique. Il n'y a pas de réponse unique, mais des réponses pour chaque patient. C'est la fin des recommandations qui s'appuient sur des algorithmes», a commenté le Pr David R Mattews. Les deux sociétés savantes ont introduit une certaine flexibilité en termes de choix thérapeutiques, mais aussi d'objectifs glycémiques afin de répondre aux besoins spécifiques de chaque patient. A la question de savoir pourquoi avoir abandonné le schéma classique des recommandations algorithmiques et opté pour une approche plus individualisée, l'expert a cité plusieurs raisons. Le nombre et la variété des traitements disponibles ont explosé depuis le milieu des années 90. Si les différentes thérapies ont une efficacité comparable sur le contrôle glycémique, elles ont des avantages et des inconvénients très variables. Les recommandations traditionnelles ne tiennent pas compte du coût des traitements. Certains traitements ont soulevé des inquiétudes sur leur profil de sécurité. «L'implication des patients dans la prise de décision constitue l'un des principes de base de la médecine fondée sur les preuves (…) Aussi, et c'est important, impliquer le patient dans les décisions thérapeutiques permet d'améliorer l'observance», a souligné le Pr Matthews. La nouvelle feuille de route a donc pour vocation d'être un guide pratique pour les cliniciens confrontés à la réalité du terrain. Egalement, l'idée des objectifs glycémiques stricts tel que le taux d'HbA1c 7% à atteindre est abandonnée pour laisser place à des cibles individualisées. «Chez une femme de 80 ans qui a déjà fait un infarctus du myocarde, la priorité n'est pas d'obtenir un contrôle glycémique très strict, alors que chez un homme de 32, par ailleurs en bonne santé, les cibles choisies seront plus basses», a souligné le Pr Andrew JM Boulton (Université de Manchester, Royaume-Uni), Président de l'EASD, lors de la conférence de presse. Il ajoute : «L'objectif est de baisser la glycémie afin de minimiser les complications sur le long terme avec un minimum de risques, en gardant à l'esprit les effets secondaires et la lourdeur du traitement, particulièrement chez les personnes âgées qui sont souvent polymédiquées.» «On ne peut pas évaluer les résultats sur un seul chiffre lorsqu'il s'agit d'une maladie chronique. Nous cherchons à obtenir un taux d'HbA1c proche de 7%, mais il faut rester flexible», a renchéri le Dr Silvio E Inzucchi (Yale University School of Medicine, Etats-Unis).