Serait-ce la fin de mission pour des dizaines de milliers de gardes communaux ? Les autorités auraient entamé le processus de dissolution de ce corps paramilitaire, selon les délégués, alors que du côté des pouvoirs publics, l'on continue à déclarer la chose et son contraire. Le coordinateur national de la garde communale précise ainsi que plus de 20 000 éléments seront intégrés dans les rangs de l'Armée nationale populaire (ANP). Selon le coordinateur national de la Garde communale, le 31 octobre, l'ANP clôturera le recrutement de ces agents dans ses rangs, et ce, à titre volontaire. Le même délégué a communiqué également le nombre d'agents ayant déposé leur dossier de retraire. Selon lui, «54 000 éléments sont concernés par la retraite anticipée». Le flou demeure cependant sur la gestion du dossier. Contacté par El Watan, un responsable de la cellule de communication du MDN affirme qu'aucune décision n'a été prise pour l'instant. «A notre niveau, il n'y a rien. Nous n'avons été informés d'aucune décision à ce sujet», a-t-il souligné. Pour sa part, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, qui a à maintes fois annoncé la volonté de l'Etat de trouver un statut digne de ce corps de sécurité, avait pourtant affirmé au courant du mois de juillet dernier, dans une déclaration à un quotidien arabophone, «qu'il n'y a aucune décision présidentielle visant à dissoudre la garde communale», en qualifiant, dans ce sens, les informations rapportées par certains organes de presse de «surenchère» médiatique. Gestion hasardeuse Les discussions, lors de la réunion, qui a eu lieu mardi denier à Blida entre les 250 délégués des gardes communaux avec les directeurs centraux des ressources humaines du ministère de l'Intérieur, ont débouché sur l'engagement du ministère de l'Intérieur d'assurer les salaires des gardes communaux jusqu'à leur affectation dans les entreprises publiques et l'élaboration d'un texte de loi pour garantir leurs conditions d'affectation dans lesdites entreprises. D'après le débat, le constat a été fait sur la mauvaise gestion du dossier des gardes communaux dans certaines wilayas, caractérisée, entre autres, par les licenciements abusifs de certains éléments qui ont contracté des maladies de longue durée et des victimes d'accident de travail et du terrorisme. La délégation des gardes communaux a exigé d'ouvrir des enquêtes approfondies concernant le dossier des œuvres sociales pour la restitution des dus, ainsi que certains dépassements qui ont engendré l'explosion de cette situation. Par ailleurs, la délégation a jugé insuffisante la prime d'astreinte qui n'a augmenté, selon elle, que de 40 à 45%. Selon les délégués des gardes communaux, toute action de rue est exclue pour le moment en raison de la tenue des élections. Dans les faits, des milliers d'éléments ayant été désarmés par les services de sécurité se retrouvent sans emploi, bien que l'Etat se soit engagé à leur procurer des postes de travail dans les entreprises publiques. Chose qui n'a pas été faite, eu égard au déficit en la matière, selon les régions. Mesure irréaliste Selon Aliouat Lahlou, représentant des gardes communaux dans la wilaya de Bouira, la mesure est simplement irréaliste, compte tenu de l'indisponibilité des postes de travail localement. Le rôle joué par les gardes communaux dans la lutte contre le terrorisme et la sauvegarde de la patrie n'est pas des moindres. Environ 90 000 éléments ont été recrutés comme agents de la garde communale, pour un salaire ne dépassant pas pour une longue période les 11 000 DA. La lutte était féroce et le tribut payé par ce corps de sécurité depuis sa création en 1994, aux côtés des militaires, des gendarmes et autres corps de sécurité, est très lourd. Des milliers parmi eux ont laissé leur vie lors d'accrochages et d'attentats terroristes. Plus de 4600 agents ont trouvé la mort et des centaines d'autres blessés, sans parler des séquelles psychologiques et les milliers de veuves et d'orphelins. Une tragédie qui ne dit pas son nom !