Une dame âgée de 63 ans a été écrasée par un camion livreur de gaz butane, qui effectuait une marche arrière dans la nouvelle ville de Dellys. Ce genre d'accident, assez fréquent malheureusement, est dû au fait que la plupart, sinon tous les employeurs, rechignent à adjoindre au conducteur d'un poids lourd la présence d'un accompagnateur, communément appelé «convoyeur», alors que par le passé il était inconcevevable de laisser un conducteur de camion se déplacer tout seul. Maintenant, cela est courant et fréquent, au détriment de la sécurité routière, pour économiser quelques dinars. En effet, 35% des accidents mortels sur l'autoroute sont dus à la somnolence. Mais d'où vient cette somnolence ? D'abord, à cause de la fatigue et la surexploitation des chauffeurs. Mais le danger réside dans le fait que ce conducteur de poids lourd, parcourant parfois de longs trajets tout seul, a tendance à s'endormir, et ce, malgré lui. D'ailleurs, les micro-sommeils qui menacent les conducteurs surviennent sans que ce dernier ne s'en rende compte. Ajouté à cela que certains conducteurs manquent de sommeil avec des trajets de nuit. Or, à notre sens, la présence du convoyeur, compagnon de route, empêche précisément que le chauffeur succombe à la somnolence. Etant accompagné, le conducteur discute avec son compagnon et se tient plus ou moins éveillé. En outre, en cas d'ennui mécanique, de chargement à arrimer, de crevaison, de malaise ou de tout autre problème, la présence d'un compagnon n'est pas de trop, parfois même pour aller chercher du secours éventuellement. Et si l'on comparait le coût du salaire d'un convoyeur et celui des frais en cas d'accident et la valeur de vies humaines ? Un conducteur de semi-remorque, routier de son état, m'avait raconté qu'une fois, devant se rendre de nuit à Illizi, il a eu une crevaison sur la route. Cela arrive. Mais de nuit et tout seul, c'était vraiment la «poisse». Il fallait quand même qu'il continue sa route pour livrer le matériel. En pleine nature, sans personne pour l'aider ni pour l'éclairer, il m'a déclaré : «heureusement que j'avais un téléphone portable du genre de ceux qui ont une ampoule d'éclairage». Soit, et ensuite ? Eh bien, c'est en tenant son portable entre les dents qu'il essaya, après de longs efforts, à trouver les goujons de roue pour installer la roue de secours et se dépanner. Difficilement et péniblement, il est vrai, mais il a réussi. Ne croyez pas que ce soit un exploit, c'est ce qui arrive souvent aux routiers, et ce, depuis la disparition des convoyeurs qui accompagnaient les chauffeurs et qui, en cas de besoin, prêtaient main forte dans tous les cas de figure. Qu'il s'agisse d'une panne, de fatigue ou autre. Dans le malheureux exemple que nous avons cité plus haut, en l'occurrence l'accident de Dellys, celui-ci ne serait jamais arrivé s'il y avait eu un convoyeur pour guider le conducteur dans sa manœuvre de marche arrière. En fait, pourquoi ne pas recruter carrément un deuxième conducteur, surtout que les distances sont toujours très longues. Pour en revenir au conducteur qui s'est débrouillé tout seul avec la lampe torche de son portable, il devait se déplacer, tenez vous bien, de Chlef à Illizi... Alors ? Eh bien, si l'on veut agir un tant soit peu pour la prévention routière, il serait souhaitable de revenir aux convoyeurs qui ne seront pas de trop, bien au contraire. Conclusion, ne faisons pas d'économies de bouts de chandelles au détriment des vies humaines que l'on pourrait sauver. Pour terminer, rappelons l'article 4 de la loi 01-14 du 19 août 2001 : «L'Etat est chargé de promouvoir une politique de prévention et de sécurité routière».